Intervention de Sandra Boëlle

Séance en hémicycle du vendredi 30 octobre 2020 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Défense ; anciens combattants mémoire et liens avec la nation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSandra Boëlle, suppléant M Guy Teissier, rapporteur pour avis de la commission des affaires étrangères :

Je représente mon collègue Guy Teissier, qui a été empêché, et dont je fais ici la lecture du compte rendu de son rapport.

En ces temps incertains, le budget de la défense se caractérise par sa prévisibilité, dont la cause est à trouver dans le respect de la trajectoire fixée par la loi de programmation militaire, qui court jusqu'en 2025. En 2021, 1,7 milliards d'euros supplémentaires abonderont le budget de la défense qui sera porté à 39,2 milliards d'euros. La remontée en puissance de nos armées se poursuit : lorsqu'on perçoit la tendance à l'instabilité et au réarmement du monde, chacun conviendra qu'il s'agit là d'une nécessité. Permettez-moi de féliciter l'ensemble de nos forces armées pour le travail remarquable qu'elles accomplissent, aussi bien sur le sol national que dans le cadre des missions extérieures qui leur sont assignées.

Je souhaiterais, cette année encore, exprimer ma gratitude au service de santé des armées – SSA – dont nous connaissions déjà la valeur en OPEX et dont nous avons appris, par sa contribution à la lutte contre l'épidémie, la valeur sur le territoire national. Le SSA est aujourd'hui sous tension : après avoir perdu 10 % de son personnel en cinq ans, le service peine à stopper l'hémorragie. Madame la ministre, la capacité du SSA à recruter et à fidéliser doit figurer parmi vos priorités.

La prévisibilité du budget peut être une qualité mais elle est, dans le cas présent, son principal défaut. En effet, tel qu'il nous est présenté, le budget fait l'impasse sur les conséquences de la crise sanitaire sur l'industrie de la défense. Pourtant, ce n'est pas d'un petit choc que nous parlons : combien de PME sur lesquelles repose tout le tissu de défense sont aujourd'hui dans une situation de trésorerie critique, sans perspective d'amélioration de la situation ? Madame la ministre, je vous le dis, comme je l'ai dit au Premier ministre dans ce même hémicycle : la défense est la grande oubliée du plan de relance. Non, la défense ne bénéficiera pas du plan de relance, ou alors seulement à la marge. Non, la loi de programmation militaire n'est pas en elle-même un plan de relance car, élaborée en 2018, elle n'a pas pu intégrer une crise de cette nature dans ses prévisions. Sans mesures de relance, nous prenons le risque d'une fragilisation profonde, et peut-être irréversible, de notre industrie de défense.

Je rappelle que l'industrie de défense n'est pas une industrie comme une autre : elle est la garantie même de notre souveraineté, elle est intensive en main-d'oeuvre et en technologies de pointe. Elle est un exemple à suivre pour ceux qui, au lendemain de la crise sanitaire, veulent bâtir une autonomie stratégique dans de nouveaux domaines. Du fait de cette autonomie, chaque euro investi dans la défense nourrit directement l'activité et l'emploi en France, dans tous les territoires, au lieu de se perdre dans des chaînes internationales complexes. Une occasion a, sans aucun doute, été manquée.

Je souhaite, pour finir, dire un mot du soutien aux exportations d'armement dont le renforcement est l'une des priorités de la loi de programmation militaire. Si la France a remporté de grands succès à l'export ces dernières années, notre position sur les marchés extérieurs est loin d'être garantie pour autant. Dans un domaine aussi stratégique que l'armement, la compétition est féroce, y compris entre alliés, et un nombre croissant d'États se dotent d'une industrie de défense capable d'exporter ou renforcent leur soutien aux exportations. Dans un pareil contexte, rester inactifs reviendrait à accepter notre déclassement du rang de grand exportateur d'armement. Nous devons donc consolider notre politique de soutien aux grandes exportations en développant plus largement les contrats de gouvernement à gouvernement qui répondent à une demande croissante des États clients. Le contrat CaMo – capacité motorisée – avec la Belgique, est à ce titre, une belle réussite qui en appelle d'autres.

Nous devons en parallèle réduire les missions de soutien aux exportations qui pèsent sur les armées, lesquelles peinent déjà à remplir un contrat opérationnel très ambitieux. Madame la ministre, vous avez annoncé douze nouveaux avions de combat pour compenser la commande grecque de dix-huit Rafale : ferez-vous de même si les prospects à l'export se concrétisent en Suisse, en Croatie ou en Finlande ? Ne nous méprenons pas : s'il faut se réjouir de l'achat par nos partenaires européens de matériels français et européens, il faut trouver les moyens pour que le soutien à l'exportation ne se fasse pas au détriment de la capacité des armées à assurer leur mission première : la défense du pays.

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