pourraient objecter que cet effort financier risque d'être amputé par le surcoût des opérations extérieures qui, en 2021, pourrait excéder de 400 millions d'euros l'enveloppe de 1,1 milliard que vous avez prévue à cet effet. Ces 400 millions d'euros, il faudra les prélever sur le budget de la défense au détriment des autres actions. Il est à craindre aussi que le coût des opérations intérieures – je pense à l'opération Sentinelle – n'explose, au vu des tragiques événements que nous vivons : 4 000 personnels militaires supplémentaires y ont été affectés.
De même, le flou persiste sur le financement de deux dépenses à court ou moyen terme. La première, c'est le remplacement des douze Rafale cédés à la Grèce ; la seconde, la réparation du sous-marin nucléaire d'attaque Perle, déduction faite de l'indemnisation versée par les assureurs du chantier.
J'en viens maintenant au verre à moitié vide. Même s'il respecte les prévisions de la loi de programmation militaire, ce budget ne permettra pas de faire face aux menaces qui sont apparues ou se sont aggravées après le vote cette loi en 2018. Dans mon intervention à cette tribune, le 30 octobre 2019, je dressais déjà une liste de cinq facteurs d'aggravation : la multiplication des crises et leur intensité croissante, alors que des pays de plus en plus nombreux s'équipent en armements sophistiqués ; la persistance de la menace terroriste ; l'attitude des États-Unis qui peut nous amener à douter parfois de l'Alliance atlantique ; l'affaiblissement des traités internationaux et du multilatéralisme ; enfin, une politique de défense européenne au point mort, particulièrement en matière industrielle – les arbitrages sur les deux grands programmes franco-allemands, le système de combat aérien et le char du futur, ne sont toujours pas rendus.
La situation s'est encore détériorée depuis : l'année 2020 a vu la montée de l'agressivité de la Turquie et la déstabilisation des États au Maghreb et au Sahel, sans oublier bien sûr l'épidémie de covid-19. Madame la ministre, il faut tenir un langage de vérité et en tirer toutes les conséquences : la loi de programmation militaire 2019-2025 est maintenant en partie périmée. Le temps des conflits asymétriques est révolu, et nous devons le plus vite possible nous armer en vue d'un conflit de haute intensité contre des adversaires utilisant les mêmes technologies que nous. Force est de constater que les moyens pourtant en hausse mis à disposition de nos armées par le budget 2021 ne sont pas à la hauteur de ce défi.
À défaut de crédits budgétaires suffisants dans le budget de la défense, il aurait fallu au moins que le plan de relance soit mis à contribution. Tel n'a pas été le cas. C'est l'occasion manquée dont je parlais en introduction : les arbitrages ont été très défavorables au ministère des armées et la place des commandes militaires dans le plan de relance est infime. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : sur les 100 milliards d'euros que le Gouvernement prétend affecter au plan de relance, 16 milliards concernent la filière aéronautique et, sur ces 16 milliards d'euros, 600 millions d'euros seulement sont destinés à des commandes anticipées d'aéronefs militaires. Pas un euro pour l'armée de terre ni pour les bâtiments de la marine dans le plan de relance ! Pour l'ensemble de ces raisons, les députés Les Républicains s'abstiendront sur le budget 2021 de la défense.
Nous ferons de même pour le budget des anciens combattants, car, hélas, une nouvelle fois, la majorité n'a pas accepté notre amendement tendant à augmenter la retraite du combattant de 2 points au 1er juillet 2021.