Vous avez tort, monsieur Ruffin, de voir les choses de façon caricaturale. La crise actuelle crée des inégalités qui n'ont probablement pas d'équivalent dans l'histoire, et qui sont très ciblées. Ce que vous appelez la jeunesse, comme s'il s'agissait d'un tout, n'existe pas dans cette crise. Une partie de la jeunesse a souffert et s'est paupérisée ; il faut l'aider directement. Une autre partie ne s'est pas appauvrie mais se retrouve en difficulté au moment d'arriver sur le marché de l'emploi. Or ce ne sont pas les mêmes problèmes : pour une partie des jeunes, les difficultés sont quotidiennes et concernent leur pouvoir d'achat ; l'autre partie est confrontée à des obstacles en matière de perspectives d'emploi et de carrière, à long terme.
Or leurs problèmes ne peuvent pas être réglés de la même façon. Comme vous l'indique Mme la rapporteure spéciale, toutes les aides sociales imaginables, comme le RSA, ne régleront pas le problème de l'emploi. Pour cette partie du problème, ce sont bien les entreprises qu'il faut inciter à recruter ou à accueillir des jeunes en apprentissage ; nous assumons notre position à ce sujet. En revanche, les jeunes qui se sont paupérisés ont bénéficié de la cantine à 1 euro, du prolongement des bourses cet été et du paiement des loyers des CROUS lorsqu'ils n'étaient pas en mesure de le faire. Ceux qui perçoivent l'APL recevront aussi l'aide annoncée de 150 euros.
La distinction que nous instaurons entre les réponses répond à la distinction que la crise opère elle-même, en provoquant deux types d'inégalités. Vous avez tort, monsieur Ruffin, de caricaturer le sujet en affirmant que nous aiderions les entreprises au détriment d'une jeunesse qui se paupérise. Ce n'est pas vrai ! Le vrai courage politique consiste à mesurer les inégalités sociales et les inégalités liées à l'emploi, et à les corriger.