Madame la députée, je défendrais ma position même si je n'étais pas ministre des comptes publics. L'exemple budgétaire que vous prenez n'est pas le bon : les crédits du ministère de la culture ne doivent pas être confondus avec ceux de l'audiovisuel. Il y a en France un budget dédié à l'audiovisuel public, distinct de celui du ministère de la culture. Ce ministère – Mme Nyssen en est tout à fait consciente, et votre commission devrait se pencher là-dessus – affecte ses crédits essentiellement à la région Île-de-France, et particulièrement à Paris, et non sur tout le territoire, ce qui pose la question de l'accès à la culture. Par ailleurs, l'audiovisuel représente un véritable enjeu. Quand on a quasiment 3,9 milliards d'euros de budget, on n'est pas obligé de faire porter les économies de quelques dizaines de millions sur la création ! Il y a des réformes de structure à faire, il y a peut-être un nombre trop important de chaînes publiques, une organisation différente à mettre en place. On n'est pas obligé de faire supporter l'effort sur la partie création. Les grands dirigeants des groupes audiovisuels doivent apprendre à travailler de manière différente. Il n'est pas non plus sain, même dans les groupes publics, que la quasi-intégralité de l'argent soit versée directement par l'État. Il faut diversifier les financements.
Enfin, je connais bien le film Dunkerque que vous prenez en exemple – on aurait pu citer Bienvenue chez les Ch'tis, ou bien d'autres productions réalisées dans la région des Hauts-de-France. Il se trouve que j'ai été administrateur de Pictanovo, l'ancien centre régional des ressources audiovisuelles du Nord-Pas-de-Calais situé dans ma commune de Tourcoing. Pictanovo a fait quelque chose d'extraordinaire : il s'est diversifié, et son travail de production concerne désormais non seulement les courts-métrages de petites sociétés de production, mais également les jeux vidéo et l'animation. Il faut savoir se diversifier et s'adapter à son public. Indépendamment du problème de la création, la grande difficulté de ce secteur est d'avoir trop tendance à vivre uniquement de subventions. Il devrait se diversifier et écouter le changement. Je vous encourage, madame la députée, chère Brigitte, à venir passer un moment à Tourcoing. Vous serez très bien reçue ; on prendra, si vous le souhaitez, une boisson que ma collègue Mme Buzyn ne souhaiterait pas que je cite officiellement car si elle n'est pas consommée avec modération, elle peut nuire à la santé.