Intervention de Pascal Brindeau

Séance en hémicycle du mardi 3 novembre 2020 à 15h00
Prorogation de l'état d'urgence sanitaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPascal Brindeau :

Le confinement est devenu, dans ces conditions, inéluctable. Il n'y a pas de débat là-dessus.

Aujourd'hui, vous êtes devant nous, madame la ministre, pour nous expliquer que la gravité de la situation implique que le Parlement, pour une période longue – six mois – , abandonne totalement ses prérogatives en matière législative. Vous nous direz qu'il garde des prérogatives en matière de contrôle et que des informations obligatoires lui sont communiquées. Cela suffirait, selon vous, à entretenir l'illusion d'un processus démocratique normal et satisfaisant pour nos concitoyens.

J'évoquais un problème de méthode. Lors de la première vague, nos concitoyens avaient du mal à intégrer le fait que leurs vies seraient durablement bouleversées, que des sacrifices devraient faits en matière économique et sociale et que tout cela aurait des conséquences graves sur l'emploi et le niveau de vie. Toutefois, ils comprenaient globalement les choses, sans pour autant se fier totalement à la capacité de l'État et du Gouvernement à affronter la crise sanitaire dans de bonnes conditions.

Mais aujourd'hui, ils ne comprennent plus rien à ce que vous êtes en train de faire. Vous annoncez que la deuxième vague est plus forte et plus grave que la précédente et vous assortissez le nouveau confinement d'aménagements. Vous expliquez que les enfants peuvent continuer à aller à l'école mais que les étudiants ne doivent pas assister à leurs cours. Vous affirmez que la vie économique doit continuer : même si le télétravail est encouragé, les entreprises restent ouvertes, la plupart des industries poursuivent leurs activités. Seule une catégorie d'acteurs économiques a été confrontée à une fermeture administrative brutale et sans concertation de leurs établissements : les restaurants et les commerces de proximité.

Cela, nos concitoyens ne le comprennent pas. Pourquoi laisser ouvertes les grandes surfaces – même si désormais elles ne peuvent plus vendre de produits non essentiels – alors que le respect des gestes barrières et de la distanciation physique y est notoirement moins contrôlé que dans un commerce de proximité ? Le boulanger, le coiffeur, le vendeur de vêtements peuvent appliquer un protocole sanitaire extrêmement strict et n'admettre qu'un seul client à la fois leur magasin, de telle manière que le risque de contamination est quasiment nul ou du moins de même degré que dans d'autres circonstances de la vie.

C'est de cela que nous devrions débattre sereinement et je sens, malheureusement, que cela ne sera pas possible parce que vous êtes dans une posture que plus personne ne comprend.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.