Intervention de Olivier Véran

Séance en hémicycle du mardi 3 novembre 2020 à 21h00
Prorogation de l'état d'urgence sanitaire — Article premier

Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé :

… d'où un risque de transmission du virus, qui est inhérent à l'activité commerciale elle-même. Ce risque, il faut l'estimer.

Or nous estimons que les Français ne peuvent pas se passer de nourriture ni d'éducation, mais qu'ils pourraient, pendant quelques semaines, le moins longtemps possible, se passer d'acheter des produits qui ne sont pas considérés essentiels à la vie – ce qui ne signifie naturellement pas qu'ils ne sont pas importants, ni pour les clients ni pour les commerçants. Ils le sont évidemment, mais il faut limiter les risques au maximum pendant une période courte ; à défaut, nous nous trouverons dans la situation où il faudra de nouveau nous poser la question de fermer des établissements plus essentiels. Nous ne voulons pas prendre d'autres mesures que celles-là.

Par ailleurs, on dit aux Français qu'ils peuvent aller travailler, envoyer leurs enfants à l'école, prendre les transports en commun pour leurs déplacements professionnels ou pour emmener leurs enfants à l'école, sortir acheter des produits de première nécessité, alimentaires par exemple, mais que, le reste du temps, ils doivent rester chez eux, ne rendre visite à personne et ne plus aller voir vos amis, comme au printemps dernier. Eh bien, moi, je ne sais pas comment expliquer qu'on peut aller s'acheter un jean, mais qu'on ne peut pas aller prendre l'apéro chez un copain ; qu'on peut aller flâner dans une boutique pour acheter du parfum, ce qui est certes très agréable, mais qu'on ne peut pas aller voir sa grand-mère qui habite à un kilomètre et demi ou à deux kilomètres. Vous comprenez ?

Il s'agit d'être cohérent et, encore une fois, nous ne sommes pas les seuls à prendre de telles mesures : c'est ce que font la Belgique, l'Irlande, le Pays-de-Galles et l'Autriche. L'Allemagne a fermé un grand nombre de ses commerces alors que la situation épidémique y est moins grave. L'Angleterre le fait. Certains pays prévoient même de se confiner plusieurs mois, alors que nous avons annoncé un confinement de plusieurs semaines et que sous peu, si tout va bien, si les signes sont positifs, nous pourrons commencer à envisager la réouverture des commerces.

En revanche, plus les dérogations seront nombreuses, plus l'impact des mesures sanitaires sera limité, plus ça durera et moins on y arrivera. On l'a vu à Marseille, où un couvre-feu avait été instauré à partir de vingt-trois heures dès le mois d'août – ce qui est tôt. Face à la mobilisation des élus locaux – je vous épargne le film ! – , les préfets ont fini par reporter le début du couvre-feu à minuit et demi : on a vu le résultat sur l'évolution de la courbe épidémique semaine après semaine.

Il faut prendre les mesures raisonnables à temps. Croyez-moi, quand on en est à 50 000 cas diagnostiqués par jour, 450 malades en réanimation, 400 morts et 3 000 patients hospitalisés, il est largement temps. Il ne s'agit pas de se balancer des chiffres à la figure, mais de constater que si on n'oppose pas ce coupe-feu à la flambée du virus, l'épidémie va durer dans notre pays comme c'est le cas dans d'autres pays, ce qui se traduira non seulement par plus de morts, plus de malades et plus de souffrances mais aussi par des dommages plus durables pour notre économie, pour nos commerçants, nos artisans et pour l'ensemble des Français.

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