Intervention de George Pau-Langevin

Séance en hémicycle du mercredi 4 novembre 2020 à 15h00
Prorogation de l'état d'urgence sanitaire — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGeorge Pau-Langevin :

Comme je l'ai dit, à la fin de ce débat nous nous sentons forcément frustrés et nous avons nous aussi un goût amer dans la bouche. En effet, nous sommes tout à fait conscients de la gravité de la situation du pays et nous savons qu'il n'est sûrement pas facile de prendre des mesures efficaces pour lutter contre la pandémie. Nous avons toutefois participé à cette discussion précisément pour essayer d'apporter notre pierre, pour collaborer à la recherche de solutions utiles pour le peuple. Nous l'avons déjà fait jeudi dernier en votant la déclaration du Premier ministre, parce que nous savons qu'il est important que la nation soit unie face à ce drame qui nous frappe tous.

Mais force est de reconnaître que, lorsque nous vous faisons des propositions, lorsque nous essayons de vous donner des idées, de vous faire part des préoccupations de nos concitoyens, eh bien, nous avons l'impression que nous sommes des gêneurs, des empêcheurs de tourner en rond et que la majorité, en fin de compte, a pour but essentiel de nous éjecter sans écouter si peu que ce soit une opinion qui n'est pas la sienne. Nous ne doutons pas que vous recherchiez le bien commun, nous n'affirmons pas que votre tâche est facile – parce que nous ne savons pas comment régler cette situation. Mais, précisément, quand on n'est pas sûr de bien mesurer ce qui se passe, quand on n'a pas de solution toute faite face à la nouveauté, eh bien, on devrait faire preuve d'un peu de modestie et écouter un peu les opinions différentes des siennes.

Or vous êtes allés jusqu'à rejeter des amendements portant sur des sujets mineurs. Ainsi vous avez refusé que les petits commerçants soient traités à égalité avec les grandes surfaces. Vous avez refusé que les petits salaires de ceux qui étaient en difficultés soient exonérés de commissions bancaires. Vous avez même refusé – c'est le plus étonnant – que ceux qui, parfois si seuls, éprouvent une telle angoisse qu'ils peuvent être désespérés, puissent participer aux cérémonies du culte auquel ils appartiennent. On ne peut pas comprendre pourquoi la majorité s'arc-boute de la sorte, comme si elle était sûre de détenir la vérité révélée.

Or, dans des circonstances comme celles-ci, nous avons besoin de cohésion nationale, pour assumer ensemble la difficulté et, demain, les épreuves que nous aurons à traverser. Et, lorsque vous nous rejetez comme vous l'avez fait au cours de ce débat, ne vous étonnez pas que, finalement, nous ne soyons pas aussi solidaires avec vous que vous l'auriez souhaité.

C'est pourquoi nous vous exhortons à discuter, avec les représentants du peuple, pour savoir jusqu'où on peut aller dans la restriction des libertés fondamentales. Ce n'est pas du temps perdu ; nous ne sommes pas des empêcheurs de tourner en rond, nous essayons de concilier la lutte contre la pandémie avec la défense des libertés fondamentales, avec ce qui fait notre démocratie et, vraiment, le fait qu'aujourd'hui vous nous ayez rejetés de la sorte est dommage pour la démocratie. Le groupe Socialistes et apparentés votera contre le texte – mais croyez bien que c'est le coeur serré.

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