Monsieur le Premier ministre, mesdames et messieurs les ministres, chers collègues, hier, l'Assemblée nationale honorait la mémoire du général de Gaulle pour les cinquante ans de sa disparition. Aujourd'hui, je vous demande d'avoir une pensée pour un grand gaulliste et un grand parlementaire, qui s'est éteint il y a vingt ans jour pour jour : Jacques Chaban-Delmas, disparu le 10 novembre 2000.
Jacques Delmas, devenu le général Chaban dans la Résistance, compte parmi les soixante-sept députés ayant reçu le titre prestigieux de Compagnons de la Libération. Quatorze fois élu député, il siégea de 1946 à 1997 sans autre interruption que pendant la période où il fut Premier ministre, de 1969 à 1972. En un demi-siècle de mandat parlementaire, il fut élu six fois président de l'Assemblée nationale, fonction qu'il exerça pendant seize années, dont onze consécutivement. C'est pourquoi en 1996, à l'initiative de Philippe Séguin, Jacques Chaban-Delmas fut nommé président d'honneur de l'Assemblée nationale, une distinction que notre Bureau n'avait jusqu'alors accordé qu'une seule fois, à Édouard Herriot.
Entré dans l'histoire « alors qu'il n'avait pas encore 30 ans », pour reprendre les mots de Raymond Forni, il fut aussi maire de Bordeaux pendant quarante-huit ans, cinq fois ministre sous la IVè République puis, sous la Vè, ce Premier ministre réformateur qui tenta d'atténuer le clivage entre la droite et la gauche pour promouvoir la modernisation de notre pays. L'année dernière, avec sa famille, ses anciens collaborateurs et tous ceux qui se souviennent de son action, nous avons célébré à l'Assemblée nationale les cinquante ans de son discours sur la nouvelle société, discours si ample et si visionnaire.
Humblement et respectueusement, je salue la mémoire de notre président d'honneur, Jacques Chaban-Delmas.