Pour cela, il faut mettre le budget nécessaire et faire l'effort de penser à la fois l'urgence et le temps long. C'est toute la différence avec ce PLFR 4 auquel nous nous opposons et auquel nous opposons cette solution alternative. Il faut, comme nous le répétons sans relâche, aller chercher l'argent là où il est – ça commence par là – , c'est-à-dire chez les profiteurs de crise que vous arrosez de milliards, chez les évadés et les fraudeurs fiscaux, que vous ne traquez plus suffisamment et auxquels vous envoyez un message rassurant en supprimant encore 1 800 équivalents temps plein à la DGFIP, la direction générale des finances publiques, chargée de faire en sorte qu'ils arrêtent de sévir ou qu'ils sévissent moins, chez les ultra-riches à qui vous avez offert la suppression de l'ISF.
Nous vous demandons aujourd'hui, ce que devrait prévoir un PLFR, de réintroduire dès maintenant un impôt sur la fortune qui permette de faire rentrer tous les ans 10 milliards dans les caisses de l'État. Nous vous demandons de vous attaquer aux dividendes, notamment à ceux que versent les entreprises qui reçoivent des aides de l'État, de taxer les transactions financières, de supprimer les si nombreuses niches fiscales antisociales et anti-écologie. Avec ne serait-ce qu'une poignée de ces mesures, même temporaires si vous le souhaitez et limitées à la crise, c'est tout un horizon des possibles qui s'ouvrirait, au moment où nous en avons le plus besoin.
Nous serions ainsi en mesure de mettre l'argent où il faut, par exemple pour financer la gratuité des masques, qui devrait être une évidence, puisqu'ils sont devenus obligatoires, y compris pour les enfants de plus de six ans, contrairement à ce que vous affirmiez il y a encore quelques semaines. Ce serait d'ailleurs une mesure de santé publique, puisqu'on éviterait ainsi le port de masques usagés.
Ce même argent pourrait financer le recrutement de soignants, de personnels pour nos hôpitaux et nos EHPAD, l'augmentation de leurs salaires et la création d'un pôle public du médicament. Il pourrait aussi permettre de prendre des mesures sociales immédiates, enfin à la hauteur de la situation sociale. Je pense particulièrement aux 18-25 ans, auxquels le RSA doit immédiatement être étendu. Nous proposons aussi la création de 300 000 emplois-jeunes pour cinq ans payés au SMIC. Ces emplois-jeunes seraient si utiles pour répondre aux revendications des enseignants venus manifester aujourd'hui sous les fenêtres de M. Blanquer ! Ces derniers proposent eux aussi des mesures immédiates d'alterconfinement, comme le dédoublement automatique des classes.
Cet argent pourrait également permettre de relever les minima sociaux pour que plus personne ne vive sous le seuil de pauvreté, de revenir sur la réforme du chômage, de financer une année blanche pour les intérimaires et les extras de la restauration et de l'hôtellerie. Il pourrait permettre de venir en aide au monde de la culture, qui est en train de mourir sous nos yeux.
La liste des mesures que nous vous proposons est encore longue, et celles-ci sont concrètes, applicables immédiatement. Il est encore temps. Prises dans leur ensemble comme un projet à la hauteur de la crise que nous vivons, elles permettraient aussi d'amorcer une véritable transition écologique, ne serait-ce qu'en vue d'atteindre les chiffres prévus par l'accord de Paris, qui nécessitent à présent un investissement de 50 milliards par an, comme l'indiquent la plupart des associations – sachant que plus on retarde l'investissement, plus son montant devra augmenter.
Malheureusement, vous préférez, comme à votre habitude, ne jeter sur nos amendements et nos propositions, comme sur ceux de toutes les oppositions, qu'un regard de dédain, ajouter votre suffisance à votre insuffisance, avec cette énième rectification de votre budget désastreux, après avoir, la semaine dernière, refusé une nouvelle fois d'écouter vos oppositions politiques lors du débat sur la prorogation de l'état d'urgence, alors que ceux qui éduquent, soignent, travaillent ont des propositions à vous faire, ne serait-ce que pour vous éviter d'accumuler tant d'erreurs !
Pour toutes ces raisons, nous appelons à rejeter ce quatrième projet de loi de finances rectificative.