Intervention de Béatrice Descamps

Séance en hémicycle du mardi 17 novembre 2020 à 15h00
Programmation de la recherche — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBéatrice Descamps :

Le 9 novembre dernier, la loi de programmation de la recherche a été adoptée dans sa version finale.

Annoncée en février 2019, elle a pour but d'éviter le décrochage de la recherche française et d'améliorer l'attractivité du métier. Elle comporte donc un important volet budgétaire, mais aussi des dispositions plus générales, relatives principalement aux carrières universitaires.

Mon groupe UDI et indépendants salue l'augmentation budgétaire prévue pour atteindre enfin les 3 % de PIB consacrés à la recherche. Nous saluons également l'accord que vous avez trouvé avec les syndicats pour une revalorisation des salaires de quelque 90 millions d'euros par an.

Je regrette cependant que ces annonces aient été faites après nos débats dans cet hémicycle, d'autant qu'il n'y a pas eu de deuxième lecture. Je ne peux ainsi m'empêcher de noter que ces revalorisations sont prévues sur dix ans, alors que nous préconisions pour cette loi de programmation une durée de sept ans, comme nos amis sénateurs.

Les nouveaux contrats et les nouvelles voies de recrutement que vous ouvrez dans cette loi étaient déjà fortement critiqués par une partie du monde universitaire. Mon groupe n'y était, pour sa part, pas défavorable, dès lors que ces dispositifs restaient dans un premier temps marginaux, afin que l'on puisse les évaluer et voir comment ils étaient utilisés.

Cependant, les travaux au Sénat ont apporté une modification qui n'est pas sans conséquence : une expérimentation autorisera le recrutement d'enseignants-chercheurs sans passer par l'inscription des maîtres de conférences sur une liste de qualification établie par le Conseil national des universités. Le chantier important de l'autonomie des universités a été lancé il y a plus de dix ans et après de nombreuses discussions. Je regrette profondément qu'une modification aussi importante, qui remet en cause le fonctionnement de notre système universitaire, soit acceptée sans un débat plus approfondi à l'Assemblée nationale. De nombreuses voix dans l'université s'opposent à ce nouvel article, ajouté avec votre aval, et les représentants de la nation que nous sommes auraient dû avoir leur mot à dire autrement que par le vote sur l'ensemble du texte.

Un autre sujet d'importance est la reconnaissance du doctorat : l'accord trouvé en CMP marque un premier pas notable, puisqu'un candidat à la direction d'un établissement public de recherche doit être titulaire d'un doctorat ou d'un diplôme équivalent. Cette équivalence étant laissée à la discrétion du ministre chargé de la recherche, nous espérons que vous arbitrerez dans le bon sens en éditant une liste d'exceptions la plus courte possible.

Nos collègues sénateurs ont voulu intégrer dans ce texte des solutions contre les récents événements survenus dans les universités, où des conférences ont été empêchées. Il apparaît vital de rappeler que les universités doivent rester des lieux d'échange, de débat et d'écoute : rien n'est plus important que la liberté d'apprendre pour permettre à chaque Français de construire sa pensée et de développer son esprit critique.

Je tiens à saluer les différentes mesures du texte qui renforcent l'intégrité scientifique. Si la science a besoin, pour avancer, d'un débat permanent, celui-ci doit toujours se déployer dans le respect de certaines règles qui garantissent l'honnêteté et la rigueur des recherches.

Dans la même veine, je m'interroge sur les mesures touchant à la diffusion de la culture scientifique. Ce n'était pas l'objet premier de ce texte, mais l'année qui se termine montre que nous devons traiter rapidement cette question.

Dernier regret, je déplore que les cancers pédiatriques ne figurent pas sur la liste, pourtant longue, des priorités de recherche. Ce sujet m'est cher, comme à d'autres députés : sans parler forcément des besoins financiers, il importe de montrer que l'on pense à ces enfants.

Ce texte dense et complet, qui comporte des mesures très louables et d'autres plus discutables, aurait certainement mérité un débat plus important dans notre assemblée. Pour cette raison, le groupe UDI et indépendants s'abstiendra lors du vote sur le projet de loi.

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