Lorsque je regarde le résultat de tout ce processus, je suis triste et très déçu. Pour la France d'abord, pour sa recherche et son enseignement supérieur ensuite. Rien, en effet – je dis bien : rien – , dans ce texte n'est à la hauteur des enjeux, bien au contraire ! L'enseignement supérieur et la recherche ont besoin d'une vision, d'un souffle, d'un destin partagé avec la nation autour de la place qu'ils peuvent occuper pour affronter les défis du XXIe siècle et construire progressivement une société de la connaissance qui a fait la force de notre pays au cours des derniers siècles. Au lieu de cela, nous avons un texte bureaucratique qui, sous couvert de moyens supplémentaires, va détruire l'existant. Nous nous éloignons de plus en plus d'un système d'enseignement supérieur et de recherche vu comme un bien commun.
Le temps m'est compté, mais je voudrais, pour illustrer mon propos, insister sur deux points qui, parmi tant d'autres, justifient notre opposition déterminée à ce texte. Le budget tout d'abord. Le Sénat avait fait un excellent travail en modifiant la trajectoire budgétaire. Il avait fixé l'objectif de porter les dépenses intérieures de recherche et de développement des administrations et des entreprises à 3 % du PIB annuel et les dépenses intérieures de recherche et développement des administrations à au moins 1 % du PIB annuel dès 2027, au lieu de 2030. En conséquence, il avait ramené la programmation budgétaire de dix à sept ans et concentré l'effort budgétaire dès les deux premières années. Tout cela allait manifestement dans le bon sens et méritait d'être retenu. Hélas, cela a été balayé par la CMP, rejetant aux oubliettes ce qui constituait la seule et véritable contribution du Sénat au texte.