« En ces temps d'urgence climatique, détruire le réservoir à CO2 que sont les forêts, c'est du suicide. » Ces propos, que je fais miens, sont ceux de l'un des porte-parole du collectif de 43 associations présent le dimanche 11 octobre sur le plateau de Lannemezan, dans les Hautes-Pyrénées, pour manifester contre l'installation de la méga-scierie du groupe italien Florian.
Le groupe industriel a pour projet d'exploiter 50 000 mètres cubes par an de grumes de bois de hêtre de bonne qualité, ce qui impliquera l'abattage de dix fois plus de hêtres provenant de la chaîne pyrénéenne, pour une période d'exploitation de dix ans seulement.
D'après l'Office national des forêts, dont les agents sont des experts incontournables – bien que le Gouvernement réduise malgré tout leur nombre de façon incompréhensible et incohérente dans le contexte actuel – 45 % de ce volume n'est pas immédiatement disponible, et d'importants travaux seront nécessaires : nouvelles pistes et routes forestières, multiplication des exploitations par câble et augmentation du transport routier entre autres.
Nous nous interrogeons sur le fait que le groupe sollicite 60 % de subventions publiques pour ce projet à 11 millions d'euros qui ne générera que vingt-cinq emplois directs, ce qui est une maigre compensation au regard du désastre écologique à venir.
Comme le dit très bien l'association SOS forêt Pyrénées, le flou sur lequel se base ce projet relève plus du pari industriel que d'une étude de faisabilité sérieuse et solide. Il faut au contraire pérenniser une gestion et un usage locaux et alternatifs de nos forêts, où associations et entreprises locales travaillent main dans la main en respectant l'environnement. Est-il en effet concevable d'imaginer que les panneaux qui sortiront de l'usine de Lannemezan soient exportés et reviennent ensuite sous forme de meubles ?
Plutôt que d'installer, pour une période de seulement dix ans, une entreprise qui va dégrader le milieu, nous considérons qu'il faut donner les moyens aux entreprises locales d'inventer une filière complète, de l'abattage à la transformation, susceptible d'assurer une exploitation raisonnée de notre ressource forestière et de créer de vrais emplois durables.
Le lancement d'une réflexion avec tous les acteurs concernés est nécessaire pour tracer d'autres pistes de gestion de nos forêts. Êtes-vous donc prêt, monsieur le ministre de l'agriculture, à stopper ce projet et à mettre en oeuvre de façon planifiée, une filière bois française, durable et pourvoyeuse d'emplois ?