Par ailleurs, ces images filmées par les forces de l'ordre ne sauraient avoir pour finalité d'être un outil de communication à leur disposition en vue d'établir leur vérité à propos d'une intervention caractérisée par des comportements potentiellement répréhensibles de part et d'autre. Premièrement, vous avez refusé de revenir sur le fait que les agents puissent avoir directement accès à leurs propres images, au risque de faire peser un soupçon sur leur probité. Deuxièmement, il est souhaitable que la diffusion de ces images d'intervention soit décidée, dans le respect des exigences de transparence et d'objectivité, par une autorité indépendante renforcée, mais vous avez également rejeté cette proposition. Le rôle de la police n'est pourtant pas d'entrer dans une guerre des images avec ses propres citoyens.
Nous soutenons enfin qu'il est parfaitement insupportable que des agents de police ou de gendarmerie subissent du harcèlement ou des menaces de mort, parfois mises à exécution. Mais ce que vous proposez à l'article 24, même dans la nouvelle rédaction du Gouvernement – qui ne relève, à nos yeux, que de la communication – , se révélera parfaitement inefficace pour protéger les forces de l'ordre et véritablement dangereux pour nos libertés fondamentales. Cela posera de multiples problèmes constitutionnels, comme l'a énoncé la défenseure des droits.
En raison de l'imprécision de votre rédaction et de la difficulté à caractériser l'atteinte portée aux agents, la diffusion des vidéos exposant des cas de pratiques illégales par la police sera rendue extrêmement difficile, alors que le droit de filmer la police relève de la liberté d'expression et du droit à l'information. La diffusion sera drastiquement découragée par le risque juridique encouru, qui impliquera de censurer des contenus pour s'éviter des poursuites. Les atteintes que vous visez sont pourtant déjà réprimées, et encore plus fortement, par l'article 433-3 du code pénal, et vous n'avez pas su démontrer que notre arsenal juridique était insuffisant.
En raison de ces mesures, que nous ne trouvons ni équilibrées ni proportionnées en matière de respect des libertés fondamentales, la majorité de notre groupe votera contre cette proposition de loi.