Notre pays est confronté comme tant d'autres à une crise sanitaire, économique et sociale d'une ampleur inégalée. Cette crise frappe les plus vulnérables d'entre nous ; il est légitime de vouloir y répondre. En tout état de cause, elle ne peut reléguer au second plan notre ambition de transformer, d'agir sur les inégalités à leurs racines, de faire du travail et de la lutte contre le chômage les piliers de notre politique.
Votre questionnement concernant les politiques économiques et sociales que nous menons est bienvenu. Il pourrait déboucher sur un débat qu'évidemment nous ne refusons pas.
L'idée d'un revenu universel n'est pas nouvelle dans son principe. Elle mérite un état des lieux de notre politique, mais également une vision claire et objective. En effet, d'autres pays, comme le Canada et la Finlande, qui avaient fait avant vous le choix politique d'un revenu universel inconditionnel, l'ont abandonné dans un second temps.
En Espagne, pays qui n'a pas le même niveau de protection sociale que nous, l'option récemment retenue ressemble davantage à notre RSA qu'à un revenu universel. En Allemagne, le revenu inconditionnel, d'ailleurs très contesté, sera expérimenté à l'initiative de la société civile sur 122 personnes ; il n'est donc pas possible d'en évaluer aujourd'hui les résultats. En France, il y a trois ans, l'un des candidats à la présidentielle en avait fait un point important de son programme, avant de faire marche arrière devant l'incompréhension des Français : il n'existe pas aujourd'hui de consensus politique ou citoyen sur ce sujet. De nombreux débats et consultations en ont apporté la preuve.
Nous avons fait un choix différent : la lutte contre la pauvreté, contre les inégalités, ne peut se résumer à une aide pécuniaire inconditionnelle.