Je me réjouis, madame Ménard, que vous ayez commencé votre propos en rappelant que vous aviez à coeur la promotion des accents, chers à notre Sud natal.
S'agissant du calendrier, vous savez comme moi que les niches parlementaires, depuis la révision constitutionnelle de 2008, sont attribuées aux groupes minoritaires selon un agenda qu'ils ne maîtrisent pas. Le hasard a fait que notre proposition de loi soit examinée aujourd'hui. J'appelle toutefois votre attention sur la cohérence des textes que le groupe Agir ensemble défend en ce jeudi.
J'adresse mes salutations appuyées au groupe Agir ensemble et à son président, Olivier Becht, qui a immédiatement perçu l'importance du présent texte. Je suis convaincu – et je tombe ici la chemise et la cravate, pour devenir un peu plus humain – qu'il s'agit d'un vrai problème. Nous le savons tous : nombre de nos concitoyens subissent la sous-représentation des accents dans la parole et la sphère d'expression publiques ; des études en font d'ailleurs état. Pour renverser ce phénomène et mieux représenter la diversité des accents, il faut bien commencer par quelque chose.
Notre proposition de loi vise essentiellement à lutter contre la discrimination à l'embauche et dans la promotion professionnelle – et non, comme j'ai pu le lire, à interdire l'humour, trait caractéristique de notre pays, que je défends évidemment. Les politiques de lutte contre la discrimination raciale n'ont jamais interdit la diffusion du film Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ? ; la promotion de la cause des handicapés n'a pas interdit à Kad Merad de s'asseoir dans un fauteuil roulant dans Bienvenue chez les Ch'tis ; la lutte contre la discrimination à l'endroit des homosexuels n'a pas interdit la diffusion de Pédale douce et de Gazon maudit ; la lutte contre la discrimination à l'égard de l'origine et du quartier de résidence n'a pas interdit la diffusion de Neuilly sa mère ! J'ai conscience des limites du travail que nous avons engagé, mais nous faisons oeuvre utile quand nous appelons à réintroduire la diversité des prononciations en France et à la représenter à la télévision. Avis défavorable.