Intervention de Agnès Thill

Séance en hémicycle du jeudi 26 novembre 2020 à 15h00
Communauté méditerranéenne des énergies renouvelables — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAgnès Thill :

La région méditerranéenne couvre 9 millions de kilomètres carrés ; elle comprend vingt-cinq pays et se situe stratégiquement au carrefour de l'Europe. Cette géographie en fait un important corridor de transit pour les marchés énergétiques mondiaux. Estimé à près de 280 milliards de dollars annuels, l'investissement mondial dans les énergies renouvelables apparaît comme une tendance non plus conjoncturelle mais bien structurelle pour l'ensemble des pays.

Pourtant, nous constatons une lenteur des investissements malgré des opportunités reconnues et une volonté politique de plus en plus affirmée. Si tous les pays, du Nord comme du Sud, ont pris des engagements fermes d'atténuation des émissions de CO2 dans le cadre de l'accord de Paris pour le climat, le rythme et l'ampleur des efforts et des ambitions restent très variables, pour ne pas dire faibles, dans la zone sud de la Méditerranée.

En ce sens, l'idée d'un partenariat inclusif en Méditerranée autour du développement durable est une initiative bienvenue en raison du retard actuel de certains pays du sud de la Méditerranée. Néanmoins, la construction d'une nouvelle structure pérenne ne semble pas nécessaire aujourd'hui ; elle viendrait au contraire ajouter de la confusion aux actuelles politiques sectorielles de la région. En effet, de nombreuses structures s'efforcent déjà d'accompagner et d'influencer ces pays en faveur du développement des énergies renouvelables : je pense à l'Association méditerranéenne des agences nationales de maîtrise de l'énergie, qui réunit douze organisations nationales des rives nord et sud de la Méditerranée chargées de l'efficacité énergétique et de la promotion des énergies renouvelables.

Je pense aussi à l'Observatoire méditerranéen de l'énergie, l'OME, ainsi qu'à l'Union pour la Méditerranée, qui a énormément oeuvré en faveur de la transition énergétique dans les pays du sud de la Méditerranée en stimulant le développement durable grâce à des initiatives et à des projets concrets, comme le projet SPREF – SEMed private renewable energy framework – , qui vise, avec le soutien de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, à permettre aux pays concernés d'atteindre leurs objectifs en termes d'énergies renouvelables et de réduction de leurs émissions de CO2.

Vous le voyez, la Méditerranée est déjà un espace d'échanges et de coopération, et nous craignons que votre structure ne porte atteinte à la visibilité des acteurs déjà présents dans la zone. Il serait malvenu de créer une réplique de l'UPM exclusivement bornée aux énergies renouvelables.

Surtout, n'oublions pas que les pays de la zone sud de la Méditerranée doivent déjà se conformer à une série de directives européennes et de programmes nationaux. Appliquons déjà les objectifs européens, et laissons l'Europe dialoguer avec les différentes parties prenantes sur le sujet afin d'accompagner les pays en retard. Est-il vraiment raisonnable de vouloir faire la même chose en moins bien ?

Convaincus que chacun, individuellement et collectivement, peut contribuer à la transition énergétique en Méditerranée, nous ne défendons pas dans le contexte actuel la création d'une nouvelle structure. À cet égard, le groupe UDI et indépendants souhaite laisser à l'Europe le soin de continuer son action dans la région. Pour toutes ces raisons, nous ne voterons pas pour cette résolution.

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