Tout d'abord, j'aimerais souligner la pertinence de cette proposition de résolution dans le contexte actuel. En effet, les tensions que nous avons connues l'été dernier au sujet des frontières maritimes de la Turquie et des recherches d'hydrocarbures l'ont prouvé, nous avons besoin de dialogue dans l'espace méditerranéen et de responsables politiques qui retrouvent le goût du consensus.
L'absence de cadre institutionnel en Méditerranée n'est profitable à personne : elle ouvre la voie aux tensions diplomatiques et laisse libre cours aux guerres civiles et aux drames de l'immigration clandestine. Par ailleurs, le retrait américain de l'accord de Paris a porté un coup dur au multilatéralisme de l'environnement et à la dynamique mondiale qui avait émergé dans la lutte contre le réchauffement climatique.
La création d'une communauté méditerranéenne autour des énergies renouvelables pourrait être une manière d'impulser un élan international sur le mieux-disant climatique. Comme vous le savez, nous ne pourrons répondre au réchauffement climatique par des initiatives unilatérales et il devient urgent de relancer des démarches internationales.
Aussi, le projet de communauté méditerranéenne des énergies renouvelables s'inscrit dans notre vision de la transition écologique. Il faut décarboner l'approvisionnement énergétique sans renoncer à toutes les opportunités économiques qui nous sont offertes et mener la transition de concert avec nos partenaires économiques.
Rassembler les États de l'espace méditerranéen autour des énergies vertes ne serait pas une initiative complètement nouvelle. Depuis vingt-cinq ans, la coopération culturelle et économique a emprunté plusieurs chemins. Déjà, en 1995, était engagé le processus de Barcelone dont l'ambition posait les bases d'un dialogue poussé ayant pour objectif le renforcement de la coopération interrégionale. En 2008, c'était au tour de l'Union pour la Méditerranée, voulue par le président Sarkozy, de vouloir créer un espace politique et culturel commun entre les deux rives, autour du développement d'une politique civilisationnelle.
Ces projets se sont toutefois fracassés sur le trop grand écart qui sépare ces pays. L'hostilité au projet de 2008 chez les partenaires européens et les révolutions arabes ont définitivement enterré toute possibilité institutionnelle d'inventer un espace en commun, se mettre autour de la table devenant impossible. Ces échecs ont rappelé que l'intégration régionale nécessitait des valeurs politiques communes.
C'est ici que le parallèle entre la présente résolution et la Communauté européenne du charbon et de l'acier trouve sa limite. Si cette dernière a vu le jour, c'est parce que les États qui se sont associés possédaient une proximité politique sans commune mesure avec celle qui lie actuellement les États méditerranéens. C'est également parce que tous les pays qui la composaient étaient producteurs de ces matières premières qu'ils ont pu s'associer sur un pied d'égalité. Tel n'est pas encore le cas pour les pays des deux rives, ou tout du moins dans des proportions très différentes.
Le dialogue politique et culturel entre les deux rives doit se poursuivre et se renforcer. La mise en place de plusieurs structures de dialogue doit permettre d'avancer : le dialogue 5 + 5 Méditerranée ou le sommet des deux rives, qui intègre la société civile, en sont des exemples. Le sommet des deux rives est un espace de dialogue pertinent quand les acteurs économiques savent faire preuve de plus de souplesse que les États et ne répondent pas aux aléas politiques. Par ailleurs, la coopération universitaire, le partage et la valorisation d'espaces de recherche et le travail commun pour la convergence normative sont autant de chemins à suivre autour de la Méditerranée, car ils sont au moins aussi importants que les coopérations étatiques.
Le groupe MoDem et démocrates apparentés votera en faveur de cette résolution, car la convergence des peuples méditerranéens doit se réaliser au XXIe siècle. Il faut saisir la chance que constitue cet espace pour faire avancer les sujets qui nous importent. Nous voterons également pour cette résolution car nous avons besoin de perspectives nouvelles qui nous permettent d'espérer que nous allons gagner la bataille sur le climat. À ce titre, chaque axe de convergence internationale doit être encouragé et poursuivi. Nous pensons toutefois que l'émergence d'un creuset politique commun est un préalable à cette convergence.