Pour la deuxième fois en un an, la France est en situation de confinement. Pour préserver des vies et inverser l'expansion épidémique, parce que le Gouvernement n'avait rien anticipé, les Français ont été à nouveau contraints de restreindre leurs libertés.
Face à cette seconde vague, tous ont fait le choix d'un grand sens des responsabilités. Réduire ses interactions sociales, intégrer les gestes barrières mais aussi ne plus circuler librement, ne plus consommer librement, ne plus travailler librement, ne plus embrasser les siens, ne plus sortir, ne plus se cultiver, ne plus danser, ne plus faire de sport, et maintenant ne plus aller au ski : vous nous avez fabriqué un monde d'interdits – même rire ou avoir un accent est désormais suspect en Macronie.
La politique chaotique choisie, faite de confinements et de déconfinements successifs, n'a engagé que des conséquences économiques et sociales désastreuses. Pour que le confinement soit efficace, il aurait dû être mis à profit afin de tester massivement la population. C'est un dépistage de très grande ampleur qui a permis de ralentir la progression de la pandémie dans de nombreux pays ; le texte de la proposition présente d'ailleurs comme exemples, parmi nos voisins, l'Allemagne et la Slovaquie.
Dépister massivement la population sur le territoire national pour identifier activement les Français qui propagent le virus : voilà la résolution qui permettrait de garantir les libertés de tous. Pourtant, l'absence de recours systématique au dépistage a longtemps été la norme en France. N'oublions pas qu'en mars, les tests n'étaient pas disponibles, ou qu'ils ne l'étaient que sur ordonnance ; ils n'ont été ouverts à tous qu'en juillet. Après le mensonge des masques vint le fiasco des tests.
Une telle inefficacité nous a retardés sur tous les fronts pour lutter contre la pandémie. Début avril, avant que la ministre Buzyn ne prenne la fuite, le nombre de tests réalisés en France était sept fois inférieur à celui de l'Allemagne ; aujourd'hui encore, notre pays effectue trois fois moins de tests que le Danemark, contrairement à ce que nous baratine quotidiennement le ministre des solidarités et de la santé. Enfin, il a fallu attendre des mois avant que les tests antigéniques, disponibles très tôt dans de nombreux pays, soient autorisés et rendus accessibles à tous.
Au-delà de l'aspect quantitatif, la France souffre d'un défaut en matière de logistique et concernant le type de tests disponible. Affluence à l'entrée des centres de dépistage, manque de praticiens, résultats trop tardifs : tels sont les maux de la stratégie défaillante de l'État. Il est difficile de ne pas agréer cette proposition de résolution qui dépeint son extrême inverse dans certains pays qui ont fait le choix de lancer des campagnes massives de dépistage, à l'aide de tests antigéniques et avec l'appui de toutes les forces du pays.
Ainsi, cela a été dit, à Liverpool, depuis le 6 novembre, une dizaine de centres a ouvert avec le concours de 2 000 militaires dans le but de tester les 500 000 habitants de la ville. En Slovaquie, lors du week-end du 31 octobre, plus de 3,5 millions de personnes ont été testées, révélant, en deux jours, plus de 38 000 nouveaux cas. Fin octobre, une suspicion de rebond de l'épidémie dans la ville de Kashgar, en Chine, a conduit au dépistage de plus de 4,5 millions d'habitants. Par prévention, la ville de Qingdao a adopté la même stratégie, réalisant environ 11 millions de tests en cinq jours seulement.
Il n'y a aucune confusion quant aux finalités de cette méthode : il s'agit de briser les chaînes de contamination en isolant les individus contagieux et en donnant à ceux qui ne peuvent s'isoler par eux-mêmes la capacité de le faire, plutôt que de vouloir, comme certains membres de votre majorité, dresser de nouvelles contraventions et infliger des sanctions aux Français.
Votre politique de l'indécision ronge lentement notre première ligne de front, celle des soignants. Les lettres ouvertes de ces professionnels abondent et réclament toutes un dépistage systématique. Ajoutons qu'il s'agit d'ailleurs de la seule méthode permettant de briser les chaînes et la plus sûre, puisqu'elle amoindrit le risque de surprise. Les secteurs médico-sociaux demandent que nous réduisions leur peine en systématisant le dépistage ; nous le leur devons. Ils supplient les autorités de faire confiance à ces premiers connaisseurs du terrain et de son évolution. Ils implorent de mettre en place ce système dans l'unique but de maîtriser la situation.
À vrai dire, nous devrions même être scandalisés. Plusieurs spécialistes du domaine médical, côtoyant le virus quotidiennement, se sont vus refuser le droit à un dépistage ; certains ont même déclaré avoir vu leurs collègues présentant des symptômes ne pas avoir eu le droit d'être dépistés.
À un mois des fêtes, la systématisation des dépistages est la seule solution viable pour prévenir dès à présent la ruée dans les laboratoires d'analyses. Plutôt que de demander aux croyants de mesurer le nombre de mètres carrés dans leurs lieux de culte, il faut dépister. Si les tests venaient à manquer, de quel droit pourrions-nous décider de qui aurait le droit de se faire dépister, et refuser un diagnostic à celui qui désire connaître son état de santé ?
Vous avez été sourds aux avertissements de l'opposition. Par sectarisme, vous avez moqué nos propositions. Vous n'avez pas su protéger les Français. Aujourd'hui, reconnaissez humblement votre échec, et entendez la voix du bon sens.