Les personnes infectées mais non détectables ou détectées pendant leur période d'incubation pourraient ainsi passer entre les mailles du filet.
Deuxième limite : la nécessité d'avoir un taux d'exhaustivité maximum pour en tirer le meilleur bénéfice et ne pas laisser des personnes non dépistées qui pourraient entretenir la circulation virale.
Enfin, il faut répéter ces dépistages à intervalles réguliers afin de garantir la traque permanente du virus, du fait des nombreux mouvements de population.
Comme vous l'avez dit, le dépistage à grande échelle a été expérimenté à l'étranger, en particulier en Slovaquie et à Liverpool. En Slovaquie environ 1 % des 3,6 millions de personnes testées se sont révélées positives, soit 38 000 personnes. Cette expérience a été associée à des politiques d'isolement strict.
L'analyse de ces expériences étrangères, dont les données n'ont pas encore été publiées, a suscité beaucoup de questions et a rendu bon nombre d'experts dubitatifs. Le conseil scientifique préconise une expérimentation préalable sur certains territoires ciblés, afin d'évaluer la pertinence de ce dépistage massif et l'opportunité de l'étendre à l'ensemble du territoire national.
Des dispositifs de dépistage massif seront donc déployés au cours des semaines à venir dans certains territoires de Normandie, des Hauts-de-France et d'Auvergne-Rhône-Alpes, en lien étroit avec les collectivités territoriales. Un dialogue est engagé en ce sens, notamment avec les agglomérations du Havre et de Saint-Étienne.
Lorsque persistent des questions sur des sujets scientifiques importants comme celui-ci, la meilleure réponse que les scientifiques peuvent apporter est de mettre en place des programmes d'expérimentation, afin de mieux en comprendre les enjeux, les bénéfices et les effets, avant tout déploiement plus large.
Le dépistage massif se heurte en effet à des obstacles pratiques et logistiques considérables dès lors que l'on veut l'appliquer à 67 millions de personnes. Pour mémoire, la Chine a testé 10 millions de personnes à Wuhan en dix-sept jours. Pour obtenir une efficacité similaire à celle de la Chine, il faudrait presque quatre mois à la France pour dépister sa population.
Il ne suffit donc pas de dire « testez-les tous », un message qui résonne un peu comme une incantation, presque comme un voeu pieux. Il faut également concentrer nos efforts sur la recherche permanente des porteurs du virus, qu'ils soient symptomatiques ou non, …