Mesdames et messieurs les députés, de très rudes affrontements militaires, des bombardements qui n'ont épargné ni les hôpitaux ni les lieux de culte, des milliers de civils contraints de fuir leur foyer pour se mettre à l'abri, quarante-quatre jours de guerre, au sens le plus littéral de ce terme : personne en France aujourd'hui ne saurait être indifférent à ce qui vient de se produire dans le Haut-Karabakh et à son pourtour.
Beaucoup, dans cet hémicycle et en dehors, ressentent de l'indignation, et j'en fais partie : de l'indignation devant une telle spirale de violences, de l'indignation à l'idée que de graves crimes ont pu être perpétrés, notamment à travers l'utilisation de bombes au phosphore et de bombes à sous-munitions – certaines informations en font état, et nous veillerons, dans le cadre des responsabilités qui sont les nôtres, à ce que toute la lumière soit faite à ce sujet.
Beaucoup – et j'en fais également partie – condamnent le rôle joué dans ce conflit par des mercenaires étrangers en provenance de Syrie, fait d'autant plus inacceptable que cela se produit, une fois de plus, aux portes de l'Europe.
Beaucoup, enfin, – et c'est aussi mon cas – dénoncent l'attitude de la Turquie qui, comme sur le théâtre syrien, comme sur le théâtre libyen, comme en Méditerranée orientale, semble jouer tout à la fois à la carte de la compétition et celle de la connivence avec la Russie, au détriment de la sécurité et de la stabilité de la région. La Turquie, qui est pourtant notre alliée dans l'OTAN, a en effet apporté, vous l'avez dit, un appui décisif à l'une des parties au conflit, notamment en déployant des mercenaires, comme elle l'avait fait précédemment en Libye.
M. Dupont-Aignan rappelait les propos que je tiens régulièrement devant la commission des affaires étrangères sur la Turquie, je ne vais pas les reprendre ici. Toujours est-il que je peux vous dire, mesdames, messieurs les députés, que lors de la réunion annuelle des ministres des affaires étrangères de l'OTAN qui s'est tenue avant-hier, j'ai pu porter un message d'une grande fermeté à ce sujet. J'ai constaté que d'autres alliés, de grands alliés, ont aussi, et c'est nouveau, insisté sur cette exigence urgente de clarification lors de ces débats.
Je partage donc beaucoup de ce qui vient d'être dit. J'entends votre colère, j'entends vos craintes, j'entends les questions que vous posez. Pour autant, je le dis en toute franchise, je ne partage pas l'objectif visé par la proposition de résolution qui vous est soumise, c'est-à-dire la demande de la reconnaissance de l'indépendance du Haut-Karabakh.