Cette question s'adresse au Premier ministre. Elle s'adresse à toute la représentation nationale, à la France, pays des droits de l'Homme, aux femmes et aux hommes d'aujourd'hui, et à la postérité. Sur la planète, il y a des passés qui n'en finissent pas de passer. J'ai connu ma grand-mère, qui m'a raconté son grand-père. Il est né en Afrique, en homme libre. Il a été capturé et vendu. Il est arrivé en Guadeloupe en esclave. Il est mort après l'abolition de l'esclavage. Et cela se passait dans une colonie française.
D'aucuns pensent que la traite d'êtres humains et l'esclavage ont disparu au XIXesiècle, mais il n'en est rien. Aujourd'hui, en Libye, des migrants africains, en route vers l'Europe, sont vendus aux enchères comme esclaves par des trafiquants. C'est cette tragédie que vient de révéler au monde la chaîne américaine CNN, dans un reportage qui glace le sang. Alors, pour moi, comme pour beaucoup de nos compatriotes des outre-mer et de l'hexagone, cette réalité fait partie de ma mémoire, de notre mémoire, de ma vie, de notre vie et de la culture qui nous façonne tous.
Mes chers collègues, n'est-ce pas dans cet hémicycle même qu'a été votée, en 2001, la loi tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité ?