Intervention de Joël Aviragnet

Séance en hémicycle du mardi 8 décembre 2020 à 9h00
Questions orales sans débat — Fermeture des remontées mécaniques dans les stations de sports d'hiver

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJoël Aviragnet :

En tant que député élu dans les Pyrénées, je me permets d'appeler l'attention du Gouvernement sur la question de l'ouverture des stations de montagne pour les vacances de Noël.

Les remontées mécaniques sont essentielles pour favoriser la pratique des sports d'hiver et le tourisme en montagne. La décision de les fermer, prise par le Président de la République alors que le Gouvernement venait d'entamer une concertation avec les acteurs de la montagne, suscite donc l'interrogation, et pas seulement à propos du manque de communication entre le Gouvernement et le chef de l'État.

Cette décision prise à la va-vite heurte nombre de nos concitoyens pour plusieurs raisons.

Des raisons économiques, d'abord. L'économie de nos vallées est totalement dépendante de l'ouverture des stations de montagne et du fonctionnement des remontées mécaniques. Si ces dernières sont fermées, les stations de sports d'hiver de la région Occitanie perdront quelque 200 millions d'euros entre décembre et janvier.

Des raisons géographiques, ensuite. Les Pyrénées forment une frontière naturelle avec l'Espagne et l'Andorre, pays qui vont ouvrir leurs stations de ski. Où pensez-vous que les skieurs français vont se rendre si nous fermons nos stations ? Luchon n'est qu'à 46 kilomètres de Baqueira, la station espagnole voisine ! Et ce n'est pas la réponse répressive que vous préparez qui y changera quelque chose : on ne peut pas traiter les Français comme des enfants.

Des raisons de pratique sportive, enfin : les professionnels de la montagne ne comprennent pas pourquoi les remontées mécaniques devraient être fermées alors que l'épidémie incite plutôt à encourager les sports de plein air et que le danger de contagion est, en l'espèce, faible.

Pour finir, les compensations financières que vous annoncez ne sont pas adaptées à tous les territoires. Vous vous appuyez en effet sur le chiffre d'affaires des deux années passées, qui connurent, dans les Pyrénées, un faible enneigement. Par conséquent, les indemnités que vous comptez accorder aux professionnels de la montagne sont très inférieures à ce qu'ils auraient été en droit d'attendre en cas d'enneigement normal. Or cette année semble se caractériser par un bon enneigement. Les Pyrénées ne sont pas les Alpes et les Alpes ne sont pas les Pyrénées : en apportant une réponse uniforme à des situations territoriales différentes, vous renforcez les inégalités et vous ne donnez satisfaction à aucun territoire.

Je vous invite donc à reconsidérer la décision de fermer les remontées mécaniques et à permettre l'ouverture pleine et totale des stations de montagne, en prévoyant bien évidemment un protocole sanitaire strict et protecteur, qui serait tout à fait applicable dans les petites stations telles que celles qui existent dans les Pyrénées.

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