Monsieur le secrétaire d'État, chaque Français est impatient de tourner la page de la pandémie, d'en finir avec la peur de s'approcher des autres et des lendemains incertains. L'optimisme pointe vers 2021 et l'autorisation de mise sur le marché des vaccins. Dans le pays de Louis Pasteur, l'audace scientifique est indissociable de la rage de soulager l'humanité. L'opération est donc vitale, tout pilotage à vue est interdit et une stratégie se doit d'être rigoureusement définie.
Jeudi dernier, le Premier ministre a présenté une feuille de route élémentaire, un calendrier pour les premiers vaccinés ainsi que les consentements demandés, mais plusieurs interrogations restent en suspens. Un test sérologique est-il prévu en amont pour éviter l'injection aux personnes immunisées après une infection ? Les EHPAD ne sont pas tous des établissements médicalisés : quels professionnels de santé seront autorisés à piquer les résidents comme le personnel ? J'ai noté que les médecins généralistes seront mis à contribution ; mais qu'en est-il des pharmaciens, des infirmiers – acteurs de santé de proximité qui ont montré leur efficacité lors des grippes saisonnières successives ? Seront-ils informés, impliqués, sollicités ?
La dernière grande incertitude réside dans la capacité de la France à respecter la chaîne d'approvisionnement et de distribution des vaccins. Pour maintenir leur efficacité, certains produits doivent être conservés à moins 80 degrés – ou à moins 20 degrés, mais pendant quinze jours au maximum : comment les doses seront-elles stockées ? Très peu d'appareils sont capables de produire une température aussi basse et les supercongélateurs sont déjà en rupture de stock. Les pharmaciens que j'ai interrogés à Beauvais confirment que leurs armoires ne dépassent pas 2, voire 8 degrés.
En dehors du vaccin américain, sera-t-il possible de choisir un autre vaccin, anglais ou chinois par exemple ? Vous ne pourrez peut-être pas m'apporter de réponse, mais quand connaîtrons-nous la durée d'effet du vaccin et son niveau d'efficacité ? Monsieur le secrétaire d'État, pourriez-vous nous éclairer sur la stratégie vaccinale adoptée par la France et nous rassurer sur le caractère opérationnel de votre politique dès le début de l'année à venir ?