Quatre millions, c'est le nombre de personnes de plus de 60 ans qui n'utilisent jamais internet, c'est-à-dire 27 % de cette tranche d'âge. Dans les milieux populaires, comme c'est le cas dans ma circonscription, plus d'un retraité sur deux ne possède pas d'adresse électronique. Pourtant, nous en faisons tous l'expérience au quotidien : le nombre de démarches à réaliser sur internet ne cesse d'augmenter et, qu'il s'agisse des impôts, des aides sociales, de l'assurance maladie, des dossiers de retraite, il n'y a plus grand-chose qui ne passe plus par internet. Et on voit combien les standards téléphoniques sont très souvent saturés tandis que les lieux d'accueil du public ferment les uns après les autres.
Alors, quand on n'a ni ordinateur ni connexion internet ou, tout simplement, qu'on a du mal à s'en servir, comment fait-on ? Le défenseur des droits s'est saisi à maintes reprises de cette question et vous a rappelé que la dématérialisation ne devait pas servir de palliatif à la suppression des services publics. Au contraire : elle doit faciliter la vie des gens pour les démarches les plus légères, voire permettre de désengorger les lieux d'accueil pour mieux recevoir et mieux servir ceux qui s'y rendent.
Le confinement a mis en avant cet isolement et les difficultés rencontrées et, plus que jamais, on a vu combien l'accompagnement des personnes isolées était vital. Dans certaines communes, comme celle de Gennevilliers, dans ma circonscription, la présence d'un service municipal d'aide à domicile et d'une coordination gérontologique a permis de s'adapter aux besoins exceptionnels de la période. D'abord, il a été possible de repérer, en plein coeur du confinement, des personnes qui n'étaient jusqu'alors pas connues mais qui, du fait de l'isolement, ont eu besoin d'une aide dans leur vie quotidienne. Ensuite, ces structures ont mis en place des services exceptionnels tels que le portage de courses ou le transport, pour les visites médicales, de personnes autonomes en temps normal mais qui, avec les risques sanitaires encourus, ne pouvaient plus se déplacer avec les transports en commun.
Toutes ces structures de terrain, qu'il s'agisse de services municipaux ou de structures associatives, sont aujourd'hui menacées. La Caisse nationale d'assurance vieillesse, la CNAV, suit de plus en plus une logique de regroupement des organismes d'aide à domicile au profit de grands organismes privés. On voit pourtant la souplesse et la capacité d'adaptation de ces services de proximité. Ces petites structures municipales échappent au marché juteux de l'économie des seniors, en pleine expansion. Elles sont ainsi les seules à maintenir les tarifs les plus bas qui permettent à chacun d'avoir accès à une aide.
Je souhaite par conséquent savoir, monsieur le secrétaire d'État chargé de l'enfance et des familles, quelle est la stratégie du Gouvernement pour maintenir des services publics d'aide à domicile, si précieux en cette période, mais qui le sont en fait tout le temps, et qui doivent rester accessibles aux personnes en situation de précarité, et savoir également quelle est la stratégie du Gouvernement pour lutter contre l'exclusion numérique des personnes âgées.