Intervention de Jean François Mbaye

Séance en hémicycle du jeudi 10 décembre 2020 à 9h00
Accord de coopération avec les États membres de l'union monétaire ouest-africaine — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean François Mbaye :

L'accord que nous examinons aujourd'hui marque un véritable tournant dans la relation entre l'Afrique et la France. Son vote par l'Assemblée nationale marque une étape historique, qui en appellera d'autres sur le chemin de l'intégration de l'Afrique de l'Ouest. Le temps est venu de dessiner une perspective d'avenir pour l'Afrique, et surtout pour sa jeunesse. En tant que partenaire historique et privilégié des pays membres de l'UMOA, la France se doit d'y contribuer. Avec cet accord, nous ouvrons une nouvelle page de l'histoire des relations fraternelles entre l'Afrique et la France, tirant un trait sur les irritants du passé. Nous entendons la demande des jeunesses africaines en quête d'avenir et de souveraineté ; nous décidons ensemble de nous débarrasser des symboles du passé pour embrasser l'avenir.

Les États de l'Afrique de l'Ouest ont décidé de prendre en main leur destin monétaire, en accord avec notre pays, grâce à trois évolutions fondamentales qui ont déjà été rappelées : le changement de nom de la monnaie, la fin du versement de 50 % des réserves de change au Trésor français, le retrait de la France des instances de gestion monétaire.

J'entends depuis tout à l'heure les propos de certaines de nos oppositions. Je ne peux y souscrire. Quelles options avons-nous ? Souhaitons-nous laisser des pays amis, des pays frères, entrer dans une incertitude économique sans leur apporter le concours qui nous est demandé ? Vous en conviendrez avec moi, la réponse ne saurait être que négative. Les États de l'UMOA ont-ils intérêt à s'arrimer à leurs puissants voisins que sont le Ghana et le Nigeria ? C'est à eux qu'il appartient de le dire ; pas à nous, ici.

À l'inverse, les États membres de l'Union monétaire ouest-africaine ont fait le choix de maintenir une parité fixe avec l'euro. C'est leur choix ; c'est une affaire africaine. Chacun aura sa propre vision du bilan du franc CFA, mais une chose est sûre : le régime de change fixe a garanti la stabilité monétaire et économique des États membres de l'UMOA, même en temps de crise. Ils ne veulent pas la remettre en cause, et il faut le répéter : c'est leur choix.

Pour réussir une réforme d'une telle ampleur, l'implication des populations locales est nécessaire. Je souligne l'importance du changement de méthode que j'ai évoqué lors de la présentation du texte en commission, avec une meilleure association des élus et de la société civile. Les parlementaires des pays concernés doivent prendre toute leur place, et servir de relais auprès des populations.

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