C'est à eux qu'il revient désormais de défendre ce projet de ratification. Ce sont leurs pays qui en ont fait la demande, c'est à eux d'ouvrir la voie du débat parlementaire, comme nous le faisons ce matin après l'avoir fait en commission.
Dans la continuité de nos débats en commission, je souhaite saluer les initiatives de certains de nos collègues, telles que celle de l'ouverture d'un dialogue interparlementaire entre notre assemblée et le comité interparlementaire de l'UEMOA, pour accompagner cette réforme. Ces partenariats internationaux sont clés pour ces pays, mais ils appartiennent au domaine réservé. Je l'ai dit en commission, nous devons demeurer ouverts à toutes les demandes formulées par les membres de l'UEMOA dans le cadre d'accords futurs, notamment dans la perspective d'une future zone monétaire corrélée à la CEDEAO.
Cet accord n'est en effet qu'une première étape : l'évolution sera longue et les défis que l'Afrique affronte sont nombreux. Le premier est d'ordre monétaire : la stabilité monétaire est un enjeu essentiel, et la fixation de la parité en est un autre. C'est un sujet qui ne doit pas être tabou : une dévaluation a déjà eu lieu en 1994, et une parité trop élevée engendre des problèmes de compétitivité, notamment pour l'exportation de la production locale, mais pourrait également constituer un frein à l'intégration régionale, à terme. Cette intégration est aujourd'hui très faible : le commerce interrégional n'excède pas 15 % des exportations des pays de l'UEMOA.
Le deuxième défi concerne les équilibres régionaux : la mise en place, à terme, d'une monnaie unique à l'échelle de la CEDEAO pose la question du Nigeria. Ce géant domine les économies des pays de la sous-région ; il représente 60 % de la population de la zone et 66 % du PIB, avec un modèle économique qui repose sur l'exportation de pétrole et la pratique d'une politique de change flottant. Son poids écrasant inquiète ses voisins.
Le troisième défi est celui de la frontière monétaire nouvelle entre l'eco de l'Afrique de l'Ouest et le CFA, qui continue d'exister en Afrique centrale. Elle coupe des régions intégrées, à l'image du G5 Sahel, en laissant le Tchad de côté. Faire diverger des zones monétaires aujourd'hui intégrées de fait serait une erreur.
Trois ans après le discours du Président de la République à Ouagadougou, cet accord est un exemple concret du renouvellement de la relation entre la France et l'Afrique. La semaine dernière déjà, notre assemblée a voté la restitution de biens culturels au Bénin et au Sénégal. Les chantiers sont nombreux : mémoriels, économiques, culturels, sécuritaires. Ils doivent tous servir à établir de véritables partenariats équilibrés, qui nous permettront d'être aux côtés des États africains dans leurs choix futurs.
Pour l'ensemble de ces raisons, je vous invite, au nom du groupe La République en marche, à voter en faveur de ce projet autorisant l'approbation de l'accord de coopération entre le Gouvernement de la République française et les gouvernements des États membres de l'Union monétaire ouest-africaine.