Le 21 décembre 2019, le président ivoirien Alassane Ouattara et le Président de la République, Emmanuel Macron, ont annoncé une réforme des relations de coopération monétaire entre la France et l'Union monétaire ouest-africaine. L'accord qu'ils ont signé s'inscrit dans le cadre de la constitution d'une monnaie unique de la CEDEAO. D'importance majeure pour la région, cet accord de coopération monétaire remplace celui du 4 décembre 1973 et préserve les paramètres économiques clés de stabilité monétaire et de résilience de l'UMOA, à savoir la parité fixe de la monnaie commune avec l'euro et le soutien procuré par la garantie de la France.
L'existence d'une zone monétaire fédérant ces pays et leur permettant de disposer d'une activité commerciale renforcera la stabilité économique et l'absence d'inflation dans la région. À cet égard, l'accord constitue une réforme monétaire majeure, assortie d'une véritable portée symbolique. Il faut remonter soixante-quinze ans en arrière, avec la création du franc CFA, pour trouver une réforme de cette ampleur en Afrique. Notons d'ailleurs qu'elle intervient au moment où les Africains travaillent eux-mêmes à l'établissement d'une zone de libre-échange continentale.
Comme le souligne l'accord, la France se retirera bien évidemment des instances de gestion de la future monnaie – renommée « eco » – et le Trésor français ne centralisera plus les réserves de change de ces pays. La France maintiendra toutefois sa garantie financière pour couvrir les engagements en devises de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest. De fait, cette réforme modernisera l'UMOA et facilitera l'extension de son fonctionnement à d'autres pays membres de la CEDEAO. En outre, la nouvelle zone monétaire de l'eco permettra une véritable restructuration des marchés de l'Afrique de l'Ouest.
Rappelons que la CEDEAO, créée en 1975 à Lagos, compte les pays de l'UEMOA ainsi que leurs voisins, où circule une mosaïque de monnaies. L'objectif principal de la CEDEAO est de promouvoir la coopération et l'intégration dans la perspective d'une union économique de l'Afrique de l'Ouest destinée à élever le niveau de vie de ses peuples, à maintenir et accroître la stabilité économique, à renforcer les relations entre ses membres et à contribuer au progrès et au développement du continent africain.
Dit autrement, l'instauration d'une monnaie unique ou d'un change fixe dans la région entraînerait la disparition des coûts de transaction grâce à la suppression des taux de change bilatéraux, le développement du commerce intracommunautaire, la synchronisation des cycles économiques, une parfaite mobilité des facteurs de production et la croissance de l'activité économique régionale. Avec la création de nouveaux emplois, le tissu productif s'en trouverait également stimulé. À terme, la réalisation de ce projet permettrait l'amélioration significative des conditions de vie des populations.
En résumé, la France voit son rôle passer de celui de cogestionnaire de la monnaie à celui de pur garant financier. Elle sera ainsi en position de piloter son risque. S'agissant de la parité fixe avec l'euro, comme certains l'ont rappelé en commission, il conviendra d'être vigilant aux équilibres macroéconomiques dans la région, car elle induira de facto un accroissement des importations au détriment des exportations.
Si de nombreux défis, dont la nécessaire convergence des indicateurs macroéconomiques et la coordination des politiques économiques, se dressent sur le chemin de l'intégration monétaire africaine, cette initiative marque néanmoins une avancée. À cet égard, il importe que nous accompagnions les Africains dans cette dynamique.
C'est pourquoi le groupe UDI et indépendants votera en faveur du projet de loi.