En février dernier, je vous ai interrogée, madame la ministre des armées, au sujet du site gazier de Balhaf, situé en territoire yéménite et occupé par l'armée émiratie. Selon plusieurs ONG, mais aussi selon l'ONU, ce site appartenant en partie à Total servirait de lieu de détention secret permettant la pratique de la torture et d'exécutions sans procès. Mme Parly m'avait répondu n'avoir aucun élément relatif à cette affaire, prétendant même ne pas avoir lu l'article que le journal Le Monde venait précisément d'y consacrer. En septembre, j'ai de nouveau fait part de mes interrogations au ministre Le Drian. Sa réponse ne manquait pas de sel : « Nous vous renvoyons vers les entreprises concernées »… On se demande à quoi sert le corps diplomatique !
Aujourd'hui, face à la cécité du Gouvernement, je me fais donc la porte-voix des cinquante et un parlementaires qui, à l'initiative de mon collègue Hubert Laferrière, vous ont adressé un courrier demandant que toute la lumière soit faite sur ce qu'il se passe réellement à Balhaf. À la création du site, l'État français avait garanti un crédit au consortium dont fait partie Total, pour un montant de 216 millions d'euros. C'est dire si nous sommes en droit de demander des comptes, sous peine d'être clairement complices de ce qui passe sur ce site.
Plus de dix mois après les premières alertes, prétendez-vous toujours n'être au courant de rien, alors même qu'un rapport de la Direction du renseignement militaire – DRM – montre l'inverse, c'est-à-dire que vous savez ! Dans cette affaire, c'est la responsabilité de la France qui est engagée. Comment pouvez-vous couvrir des crimes de guerre ?