Si nous n'étions pas une grande démocratie disposant de forces de l'ordre bien structurées, la crise des gilets jaunes aurait pu entraîner le pays dans une révolution orange, balayant toutes les institutions.
Est-ce le fait de la majorité actuelle ? Non, ce phénomène est beaucoup plus profond. Jamais nos concitoyens n'ont été aussi formés et informés, et jamais ils n'ont remis en cause, comme ils l'ont fait, autant de projets ; c'est une grande évolution dans l'engagement des citoyens.
Ce phénomène est-il seulement français ? Pas uniquement : dans de grandes démocraties, les populistes sont arrivés au pouvoir. Heureusement, ce n'est pas encore le cas en France, mais cela nous guette.
Il faut une véritable révolution démocratique avant qu'il soit trop tard. Voilà la conviction du groupe Libertés et territoires. Cette révolution pourrait passer à travers le projet de loi organique qui nous est présenté, mais pas uniquement : la France a d'abord besoin d'une vaste révolution girondine, d'un énorme pack de décentralisation, sans quoi nous ne nous en sortirons pas.
Car nous n'y sommes pas du tout : face à l'hyper-concentration des pouvoirs et des moyens entre les mains du Président de la République, un renforcement très important du rôle du Parlement est essentiel, lui qui est, parmi les démocraties occidentales, l'un des moins influents.
Nous avons également besoin de renforcer et de structurer la concertation avec nos concitoyens et avec les corps intermédiaires. Le projet de loi organique va dans ce sens, mais il faut aller beaucoup plus loin en généralisant les référendums d'initiative populaire à choix multiples.