Je tiens tout d'abord à saluer le travail de notre rapporteur et l'écoute du ministre de la justice. Je remercie également le rapporteur pour l'engagement commun qui nous a permis de convaincre le Gouvernement de fixer des règles déontologiques qui s'imposent dans toute institution et qui prévaudront désormais au sein du Conseil économique, social et environnemental ; c'est en quelque sorte une norme ISO en déontologie que nous avons contribué à mettre en place.
Je ferai cinq observations. La première est que cette réforme se traduit par la diminution d'un quart du nombre des membres de l'institution, qui passera de 233 à 175, ce qui provoquera un déficit de représentation de certains acteurs : je pense en particulier au secteur coopératif et solidaire et au monde universitaire et artistique. Cette décision satisfait des attentes populistes et conforte l'idée néfaste que nous sommes toujours trop nombreux à nous occuper de la chose publique. Une telle réduction n'apporte aucune garantie, ni du point de vue de la performance de la réflexion ni de celui de la qualité de la démocratie. Espérons que la qualité des rapports du CESE pourra toujours être au rendez-vous.
Deuxième observation : dans le même esprit, il est regrettable qu'ait été maintenue, contre l'avis du Sénat et le nôtre, la disposition prévoyant que la saisine du CESE exclut celle d'autres organismes. Si le CESE a vocation à être le carrefour des consultations, cet objectif aurait dû conduire la majorité à maintenir cette ouverture. Nous, parlementaires, saurons consulter ces organismes ainsi écartés par l'exécutif.
Nous avons combattu pour que l'outre-mer soit bien représenté en tant que tel ; il l'est désormais, me semble-t-il, par huit membres contre onze auparavant.
Troisième observation : l'ouverture du Conseil aux citoyens est un premier pas vers une démarche participative qui trouve toute sa place dans notre système représentatif et s'impose pour renforcer la démocratie. Cette démarche permet l'ouverture au débat public de thématiques clivantes et complexes. Elle conforte la légitimité des décisions prises ensuite par le Parlement. Elle favorise des politiques plus inclusives prenant mieux en compte la diversité. Elle nourrit notre réflexion, en nous faisant entendre d'autre voix que celles des lobbies, dont nous ne méconnaissons pas l'utilité mais dont nous mesurons aussi les limites et les obstacles au changement.
Ce que nous voyons de la convention citoyenne pour le climat n'est sans doute pas l'exemple qui convertira les plus réticents à ce principe d'action. Mais, là encore, il faut établir des règles claires en amont de la consultation, organisant la prise de décision à venir sans jamais méconnaître le rôle du Parlement. C'est ce que pourrait faire le nouveau CESE en traitant par cette voie, dans l'indépendance, par exemple la question des déserts médicaux ou celle de la fracture numérique. Il ne peut s'agir d'un outil au service d'un gouvernement, quel qu'il soit, qui souhaiterait, de manière opportuniste et dangereuse, contourner le Parlement.
Quatrième observation : plusieurs dispositions sont inspirantes. Je pense notamment à l'abaissement du seuil des pétitions à 150 000 et à l'ouverture de ces pétitions dès 16 ans, ou encore à la possibilité de tirer au sort des citoyens dans le cadre de consultations publiques. Cette ouverture satisfait celles et ceux qui, comme moi, militent depuis des années pour que leur expression soit sollicitée par tous moyens.