Intervention de Bernard Perrut

Séance en hémicycle du mercredi 16 décembre 2020 à 15h00
Stratégie vaccinale contre la covid-19

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBernard Perrut :

Comment envisagez-vous le lancement le même jour, dans vingt-sept pays, de la campagne de vaccination ?

Il faut en tout cas, mes chers collègues, que nous puissions adopter une communication claire et une transparence totale sur les stocks disponibles, sur les publics prioritaires, mais aussi sur le taux d'efficacité du vaccin et enfin sur les potentiels effets indésirables, afin de dissiper toutes les polémiques. Face à la défiance, la seule bonne réponse est d'expliquer et de rassurer. Le risque d'effets secondaires bénins, plus fréquents qu'habituellement, doit absolument être bien expliqué aux personnes recevant le vaccin ; on risquerait, sinon, qu'une partie d'entre eux ne reçoivent pas la seconde injection. Dans ce cadre, comment seront organisées les consultations médicales prévaccinales ? Nos médecins pourront-ils faire face à toutes ces consultations ? La Haute Autorité de santé va-t-elle émettre des recommandations quant aux incompatibilités pour certains patients ou résidents selon leur état de santé ?

Il est indispensable de mettre en place une politique extrêmement volontariste pour vacciner dans un premier temps une grande majorité des personnes à risque et le personnel soignant, vous nous l'avez indiqué ; je pense bien sûr aux personnes âgées dépendantes, aux résidents des EHPAD, aux soignants à l'hôpital, en ville ou en établissement de santé ainsi qu'aux personnels des établissements médico-sociaux, et enfin aux personnes présentant une comorbidité et qui sont susceptibles de développer des formes plus graves du virus en cas de contamination. Pour ces groupes à risque, la règle doit être la vaccination, et la non-vaccination seulement l'exception.

D'autres questions doivent encore être urgemment tranchées. Combien de vaccins les établissements vont-ils recevoir, et à quelle date ? Je pense à nos hôpitaux désignés dans chaque département et qui doivent affecter les doses aux différents établissements. Quelle logistique pour transporter, réfrigérer, distribuer les vaccins en respectant les conditions de conservation spécifiques de chacun ? Comment accompagner, notamment, les EHPAD pour un déploiement rapide de la vaccination ? Comment se feront le suivi, la surveillance à court et à long terme par les effecteurs eux-mêmes, par le schéma classique de la pharmacovigilance, par des études pharmaco-épidémiologiques, par des suivis de cohortes de populations ? Enfin, quand le vaccin jouera-t-il vraiment un rôle, puisque le président du Conseil scientifique estime que l'arrivée des vaccins contre la covid-19 ne modifiera le cours de l'épidémie en France qu'à partir de l'été 2021 ? Quelles mesures entendez-vous prendre d'ici là, monsieur le Premier ministre, pour faire face à une éventuelle troisième vague qui pourrait survenir dès le mois de février ?

Sur l'ensemble de ces sujets, nous attendons vos éclaircissements : cette bataille-là, nous ne pouvons pas la perdre et nous devons la gagner tous ensemble. Tout repose sur la décision individuelle de se faire vacciner et donc sur la liberté de chacun ; et c'est parce que je n'oublie pas ce que l'humanité doit au vaccin que pour ma part, monsieur le Premier ministre, je me ferai vacciner dès que cela sera possible à vos côtés, aux côtés du ministre de la santé et aux côtés de Mme la ministre déléguée.

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