Intervention de Marine Brenier

Séance en hémicycle du mardi 12 janvier 2021 à 9h00
Questions orales sans débat — Fin de vie

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarine Brenier :

Nous vivons une période inédite, qui doit faire l'objet de toute notre attention. Néanmoins, certains sujets sont malheureusement toujours d'actualité, ce qui impose des piqûres de rappel.

La Belgique, les Pays-Bas, la Suisse, le Canada, l'Allemagne et à présent l'Espagne, ont tous décidé de légiférer pour offrir à toute personne le choix d'une fin de vie dans la dignité. Votre gouvernement prétend incarner une voie nouvelle au-dessus des lignes des partis politiques classiques. Pourtant, sous ce quinquennat, des révisions bioéthiques ont pris le soin d'éviter à tout prix la question de la fin de vie, alors que plus de 90 % des Français réclament de faire avancer la législation.

Le droit est une matière vivante et évolutive. Oui, les lois Leonetti et Claeys-Leonetti ont eu leur pertinence, elles ont ouvert la voie. Mais aujourd'hui, malheureusement, elles ne suffisent plus. C'est pourquoi j'ai déposé le mois dernier une proposition de loi visant à légaliser l'aide active à mourir et à rendre universel l'accès aux soins palliatifs dans notre pays. Nous connaissons tous des personnes parties dans des conditions tragiques, dont on sait qu'elles auraient voulu être mieux accompagnées. Il est grand temps que votre majorité soutienne ce projet de société.

Non, ce ne sera pas la porte ouverte à toutes les dérives. Oui, une loi comme celle-ci aurait pu éviter, lors de la première vague de la covid, la prise précipitée d'un décret, ce qui a inquiété patients et soignants. Comment le pays des droits de l'homme peut-il encore considérer que mourir de dénutrition et de déshydratation est compatible avec la dignité humaine ? Comment accepter encore que dans certains territoires, on ne puisse pas avoir accès à des soins palliatifs ? Comment, dans notre pays, des hommes et des femmes peuvent-ils encore mourir d'étouffement ?

Nous ne pouvons plus laisser nos concitoyens quitter le territoire pour trouver une solution ailleurs. Nous devons pouvoir répondre aux attentes des Français, qui nous demandent finalement une chose simple : que leur volonté puisse être respectée. Soyons dignes du pays des droits de l'homme : légalisons l'aide active à mourir.

Cette semaine, nous nous rendrons en Belgique avec une délégation de parlementaires et Jean-Luc Romero, président de l'ADMD française – association pour le droit de mourir dans la dignité. De tous bords, nous nous battons pour faire avancer les choses. Notre seul objectif commun est la libre conscience de choisir sa fin de vie. Monsieur le secrétaire d'État, écoutez les Français par la voie de leurs représentants. Avançons ensemble.

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