Le 18 novembre dernier, le ministre Olivier Véran déclarait, lors d'un séminaire national des hospitaliers, qu'il fallait sortir totalement du dogme de la réduction des lits dans les projets architecturaux des hôpitaux – propos auxquels je ne peux que souscrire. Cependant, en parallèle, le projet de l'hôpital Grand Paris Nord prévoit la fermeture des hôpitaux Bichat et Beaujon, ce qui entraînerait une diminution de 30 % des capacités d'hospitalisation. C'est inadmissible. Dans le contexte actuel, ce n'est pas une simple erreur, mais un véritable crime sanitaire ! Selon la tribune publiée dans Le Monde par plusieurs médecins et représentants des usagers de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris – AP-HP – , l'objectif sous-entendu par ce projet serait d'atteindre un taux d'occupation des lits de plus de 95 % : il faut encore et toujours rationaliser, comme si aucune leçon n'avait été tirée de l'année dramatique que nous venons de vivre ! Évidemment, cet objectif ne permettra pas d'accueillir les patients non programmés, quand on sait que près de 50 % des patients arrivant aux urgences de Beaujon doivent déjà être transférés dans une autre structure, le plus souvent privée.
Il est inacceptable de poursuivre un projet prévoyant la fermeture de 300 lits. Au contraire, il faut conforter les hôpitaux Bichat et Beaujon afin de leur permettre d'affronter les défis de l'époque, notamment la crise sanitaire qui s'inscrit dans la durée. J'ai pu m'entretenir avec le collectif qui défend depuis des années l'hôpital Beaujon. Des mobilisations ont permis d'imposer la rénovation des urgences ; le service de maternité, promis à la fermeture car très peu productif, a également été rénové. Si Beaujon tient toujours debout, c'est grâce à quarante ans de lutte des hospitaliers, de leurs syndicats et des citoyens, qui attendent aujourd'hui un message fort de votre part et ont besoin d'une rénovation urgente de l'hôpital. Allez-vous renoncer définitivement au dogme de la réduction du nombre de lits pour garantir une offre de soins de qualité, en confortant le service public hospitalier à Beaujon et Bichat et au sein de tous les établissements de santé ?