Vous évoquez une crainte, partagée par l'ensemble des pouvoirs publics, celle des défaillances d'entreprises en raison de la crise. La vérité oblige à dire que pour le moment, et après que des indicateurs aient démontré qu'il y a eu un problème lors du premier confinement, notamment en matière de délais de paiement, les choses semblent – je dis bien « semblent » – à peu près sous contrôle.
Pour connaître avec exactitude la situation macroéconomique, il faut attendre la publication, en mars, du rapport de l'observatoire des délais de paiement. Mais les indicateurs dont nous disposons laissent penser que compte tenu de l'intervention massive de l'État dans l'économie, avec les prêts garantis, le Fonds de solidarité ou le chômage partiel, les choses sont, pour le moment, plutôt sous contrôle.
Cela se reflète d'ailleurs très concrètement dans les chiffres de défaillances d'entreprises que nous avons pour 2020 : celles-ci restent très limitées par rapport à ce à quoi nous pourrions nous attendre.
Évidemment, ce qui s'annonce sensible et qui nécessitera d'être géré d'une manière très fine, c'est, au fond, le désengagement progressif de l'État dans l'économie, au fur et à mesure que la crise sanitaire s'allégera et que l'activité repartira. Soyez assurés que Bruno Le Maire, Alain Griset ou encore Agnès Pannier-Runacher portent à cette question une très grande attention, dans la perspective, évoquée par certains parlementaires, du début des remboursements des prêts garantis par l'État, étape qui nous fera sortir d'une forme d'anesthésie générale de l'économie par l'État.
Dans cette optique, nous n'avons à ce jour pas prévu de modifier l'ordre des créanciers privilégiés ou de dégrader le rang de l'État. Une telle mesure aurait un impact considérable. Nous resterons néanmoins attentifs à la situation collective et individuelle des entreprises pour faire en sorte que la sortie de crise se passe le mieux possible.