Il a fallu un mois de protestations, en particulier celles des oppositions politiques, pour qu'enfin, les morts en EHPAD soient comptabilisés et, surtout, visibles aux yeux de la France. Le 27 mars 2020, je signais, avec Valérie Rabault, une tribune demandant au Gouvernement d'être transparent sur le nombre de décès et de personnes contaminées en EHPAD. On a donc pu parler d'une première invisibilisation.
Au 12 janvier 2021 – hier, donc – , 68 802 décès officiellement liés au covid avaient été enregistrés, dont 21 003 au sein d'EHPAD. En outre, de nombreux décès ayant lieu à l'hôpital concernent en réalité des personnes résidant en EHPAD. Quel que soit le nombre exact de résidents décédés, il est donc effrayant. Pour les familles comme pour le personnel, voir disparaître plusieurs résidents en quelques jours – parfois même en quelques heures – a été très difficile, et aurait nécessité la présence de psychologues en nombre suffisant. Ce ne fut hélas pas le cas : vous le savez, madame la ministre déléguée, il n'y a pas suffisamment de psychologues, même à temps partiel, dans la plupart des EHPAD. La détresse psychique des personnels de ces établissements est pourtant palpable, et accepter la disparition de 10 %, voire 20 % des résidents, requiert un soutien exceptionnel.
En mars, au début de la crise, les personnels ne disposaient pas, sauf exception, de matériel de protection – masques, blouses…