Si vous voulez parler, monsieur Cordier, vous le ferez plus tard !
Selon certaines sources, les résidents des EHPAD représenteraient environ 45 % des morts liés à l'épidémie de covid-19. Fin octobre, le Gouvernement a lancé en toute urgence une campagne de recrutement de personnels ; hélas, il semble qu'elle peine encore à atteindre ses objectifs. Madame la ministre déléguée, pouvez-vous nous dire où nous en sommes de ces recrutements, sachant que, comme l'indiquaient Caroline Fiat et Monique Iborra dans leur rapport de 2018, il faudrait doubler le nombre de soignants au chevet des résidents pour parvenir seulement à pallier les carences structurelles des EHPAD ?
En outre, le manque d'informations et de transparence au sujet de la situation dans ces établissements, qu'il s'agisse des personnels, des résidents ou de leurs familles, a considérablement aggravé la défiance vis-à-vis des autorités ; nous faisons collectivement les frais de ce climat délétère, car le manque de confiance exprimé par une part importante de la population française met en péril le succès de la campagne de vaccination qui débute. Dans ma circonscription, en Ariège, des personnels travaillant dans certains des EHPAD pilotes où la vaccination a commencé déplorent que de trop nombreux résidents demeurent réticents à recevoir ce vaccin.
Parmi les principales raisons invoquées pour justifier leur méfiance, on peut citer l'accumulation d'informations contradictoires, le sentiment d'une grande désorganisation et le manque de transparence dans la gestion de l'épidémie – ce à quoi s'ajoutent des défauts de coordination qui entravent concrètement le bon déroulement de la campagne de vaccination dans les EHPAD.
Ainsi, il m'a été rapporté que dans l'un des établissements pilotes de mon département, accueillant près de 200 personnes âgées, le jour de la première séance de vaccination a été fixé par l'ARS tout juste une semaine à l'avance. Un seul médecin coordonnateur disposait de deux jours pour recueillir le consentement des dizaines de personnes concernées, dont une partie n'était pas en mesure de le donner directement. Ce médecin s'est organisé du mieux qu'il a pu sur la base des informations fournies par l'ARS, mais le jour où il devait passer la commande de doses de vaccins, l'ARS lui a communiqué un nouveau questionnaire pour recueillir à nouveau ce consentement. Il a donc dû refaire le tour des volontaires en un temps record pour satisfaire aux exigences de l'administration.
Toute cette énergie dépensée en urgence et ce stress pour qu'en fin de compte, l'établissement se voie informé que les doses ne pourraient être livrées le jour convenu, mais seulement deux jours plus tard… Comment voulez-vous que le personnel interprète ce type de déconvenue ? Faut-il y voir un mépris total de l'administration vis-à-vis des personnels soignants, ou le signe d'une mauvaise coordination et d'une grande incompétence ? Avec mon témoignage, madame la ministre déléguée, je ne suis sans doute pas le premier à vous informer de ces dysfonctionnements. Vous qui êtes chargée de la politique de santé de notre pays, quelles solutions concrètes prévoyez-vous pour répondre aux exigences sociales et sanitaires que la situation nous impose ?