Depuis bientôt une année maintenant, notre pays, comme le reste du monde, vit dans la sidération d'un virus qui se développe et se transforme, qui met à mal nos économies, nos vies sociales et personnelles, et qui éprouve, sur le plan de la santé comme sur celui de leur organisation, l'ensemble des pays et particulièrement le nôtre.
Nous aurions pu nous satisfaire de vous transférer à intervalles réguliers les prérogatives qui sont celles du Parlement de voter la loi et de contrôler l'action du Gouvernement si ces chèques en blanc vous avaient permis d'anticiper l'évolution de l'épidémie. Que nous ayons été en réaction en mars dernier, quand le virus ne faisait qu'émerger, personne ne vous en fera grief : personne ne pouvait alors prédire l'ampleur de la catastrophe sanitaire. Il a fallu prendre des mesures extrêmement drastiques et nous avons été à vos côtés dans ces moments-là.
Mais depuis, peut-être par facilité, vous demandez à intervalles réguliers au Parlement de continuer de se dessaisir de ses prérogatives et de vous laisser la main sur la totalité de la stratégie sanitaire. Or force est de constater, qu'il s'agisse des masques, du déconfinement, du reconfinement ou de la stratégie vaccinale, que notre pays a toujours un temps de retard, qu'il essaie à chaque fois de rattraper par la suite, notamment en acceptant ce qu'il refusait au départ. Ainsi, vous avez d'abord refusé de faire confiance aux collectivités territoriales, par exemple quand elles vous demandaient l'autorisation d'ouvrir des centres de vaccination. Quelques semaines plus tard, quand vous vous rendez compte qu'il faut intensifier le mouvement, c'est vers elles que vous vous retournez, et elles ont répondu présentes extrêmement rapidement. C'est ce qui permet aujourd'hui, sinon d'accélérer la vaccination, en tout cas d'accroitre les files d'attente et donc la confiance de nos concitoyens dans les effets bénéfiques de la vaccination.
Sur le plan politique, je trouve particulièrement détestable la méthode, qui consiste à contraindre à chaque fois les parlementaires à renoncer à exercer leurs prérogatives, et qui plus est dans des conditions de débat totalement insatisfaisantes.