On ne tuera jamais si bien et si efficacement l'idée européenne qu'en la traitant comme on est en train de le faire ! Voilà qu'une fois de plus, à la faveur d'une décision dont on a d'abord claironné qu'elle était historique, magique, extraordinaire, fantastique et tout ce que l'on voudra, nous devons voter oui ou non sur un seul article, sans pouvoir rien y changer, parce que c'est à la fois un peu un traité – voyez ses ailes ! – et un peu une loi française – voyez ses pattes !
Dans ce moment historique, est-il question de taxer les profiteurs de crise au niveau européen quand se sont accumulées de telles fortunes ? Non, pas du tout. Est-il question de taxer le dumping social et environnemental aux frontières ? Non, pas du tout. Et quid d'une taxe sur les transactions financières incluant les produits dérivés, j'y insiste car ce sont les plus importants, ainsi que le trading à haute fréquence, cette absurdité totale, y compris du point de vue des gens attachés au régime capitaliste ? Il n'en est pas non plus question ! Dès lors, il ne restera, une fois de plus, que la routine des « oui, mais », qui ne garde que les « oui » en oubliant les « mais » et toutes les réserves justes qu'ils recèlent, qu'elles viennent des bancs de droite ou des bancs de gauche, voire des bancs des partisans de ce texte, à l'image de M. Bourlanges, qui s'est exprimé avec talent comme d'habitude, mais dont la posture était extrêmement contradictoire : si nous vous avons bien compris, mon cher collègue, tout cela ne vaut rien, mais il faut tout de même voter pour.