En effet, tout cela ne vaut pas grand-chose. Les Français, à la faveur de cette victoire extraordinaire de l'amour et de la concorde européennes, devront payer à eux seuls le quart de tous les rabais, lesquels sont encore une fois consentis, contre toute raison, à une armada de petits pauvres dont je veux rappeler ici quel type de profiteurs ils sont : l'Autriche verra son rabais augmenter de 49 %, les Pays-Bas de 176 %, le Danemark de 190 % et la Suède de 177 % ! Tout le monde sait ici que ces pays sont dans un dénuement à la limite de la tiers-mondisation ! Mais les Français, eux, sont assez riches pour leur verser 2,6 milliards d'euros tous les ans.
À côté de cette augmentation des rabais, dernier avatar d'une histoire invraisemblable marquée par ceux qu'avait obtenus Mme Thatcher tandis que les Allemands les refusaient, nous allons introduire dans notre législation une autorisation de créer de nouvelles ressources propres. Le secrétaire d'État nous a garanti, et nous n'avons aucune raison de douter de sa bonne foi, que les Français ne paieraient pas le remboursement de cette dette – d'ailleurs dérisoire – grâce à ces nouvelles ressources propres. Néanmoins, ces dernières présentent un inconvénient : seule la taxe plastique a été validée ! Or le produit de celle-ci ne s'élèvera qu'à 3 milliards d'euros par an. Ce résultat est contraire à ce qu'avaient réclamé presque tous les groupes du Parlement européen. Il n'y aura que 3 pauvres milliards d'euros de taxe plastique. Pour le reste, on discutera une autre fois de la taxe sur les transactions financières, de la taxe carbone aux frontières et de la taxe sur les GAFA, mais, promis, juré, tous les États membres les voteront ! On ne voit pas pourquoi ils le feraient puisque, chaque fois que l'un d'eux tient tête aux autres, il a le dernier mot. Voyez, par exemple, comment la Hongrie et la Pologne ont réussi, à la faveur d'une entourloupe, à se soustraire à la conditionnalité des valeurs en obtenant de pouvoir déposer un recours suspensif devant la Cour de justice de l'Union européenne : ces pays pourront d'abord encaisser l'argent, et quant aux valeurs, on verra après ! Voilà ce qu'a été cet accord !
Quant à l'autorisation d'emprunt, elle porte sur 750 malheureux milliards d'euros, ce qui ne représente rien du tout par rapport aux 2 800 milliards d'euros que la Banque centrale européenne a injectés dans tous les établissements bancaires de la zone euro et aux 2 000 milliards qu'elle s'apprête à y ajouter. Cette somme n'est rien et nous, Français, devrons la rembourser pour les 40 milliards que nous toucherons. Monsieur le secrétaire d'État, peut-être ne serez-vous plus au banc du Gouvernement pour répondre de vos affirmations dans quelques années, ce que je vous souhaite parce que ce serait un moment bien embarrassant pour vous. Tout le monde l'a dit, nous devrons rembourser, parce que les ressources propres ne seront pas suffisantes et que le Gouvernement refuse de débattre de l'annulation de la dette.