… puisque, pour ma part, et avec les membres du groupe La France insoumise, nous croyons à une autre voie pour le destin commun des peuples européens, laquelle nécessite une rupture avec les logiques auxquelles nous sommes soumis. Ne croyez pas, chers collègues, que vous allez faciliter les choses.
Lorsqu'un événement aussi extraordinaire que cette pandémie se produit, creusant dans les budgets de tous les États des gouffres nouveaux de dette et de manque à gagner, lorsque, partout, les peuples perçoivent la conséquence du démantèlement de leur État au profit d'un marché qui devait, paraît-il, en prendre la relève mais qui ne le fit nulle part, une décision qui n'est pas à la hauteur n'est pas une bonne décision.
En effet, 790 milliards d'euros, ce n'est rien par rapport aux sommes déjà injectées. Et qu'on ne vienne pas sans cesse affirmer que c'est mieux que rien parce que c'est déjà un petit peu. C'est avec cette logique qu'à petits pas on s'approche du néant que ces petits riens nous dessinent. J'essaie de le faire entendre et j'admets que je ne vous convaincrai pas – je ne m'y attends en tout cas pas pour aujourd'hui. Cependant, je voudrais qu'on entende le raisonnement alternatif à ce qui nous est proposé.
Je trouve en particulier extraordinaire qu'on n'ait pas, à cette occasion, posé la question du paiement de la « dette covid », comme l'a fait tout à l'heure, si ma mémoire est bonne, notre collègue du groupe Les Républicains. La Banque centrale européenne ne fournit pas de contreparties à la monnaie qu'elle émet. Elle calcule cette émission d'après le total des biens produits par l'Union européenne. Et si l'émission d'euros excédait la production, on devrait constater de l'inflation.
La Banque centrale européenne a décidé, contre l'avis des États européens les plus importants, un programme d'intervention dont il faut la féliciter, quelles que soient les réserves que l'on peut par ailleurs nourrir contre cette banque et son statut. Et pour ces 2 800 milliards d'euros, c'est-à-dire le total de la production intérieure française, injectés dans le système, même pas un point d'inflation n'est apparu. Cela signifie que tout cet argent est parti dans la sphère financière ; pour autant, il existe, il est là, il circule, comme les millions de dollars qui ne correspondent à aucune contrepartie matérielle.