Au coeur de la dynamique européenne, la coopération et l'amitié franco-allemandes ont été renforcées par le traité d'Aix-la-Chapelle du 22 janvier 2019. Les quinze projets prioritaires proposés dans ce cadre doivent permettre, en tant qu'instruments de coopération entre la France et l'Allemagne, d'atteindre les objectifs fixés par le traité. La liste évolutive de ces projets doit s'accompagner d'une nécessaire souplesse afin de prendre en compte, avec plus de réactivité, les enjeux qui traversent nos sociétés. Le suivi de ces projets concrets, devant aller au-delà d'un simple contrôle administratif, pourrait être amélioré par une plus grande participation des parlements allemand et français.
La coopération culturelle ainsi que les échanges de jeunes font partie des domaines fondamentaux qui marquent l'attachement des Français et des Allemands à l'amitié de nos deux pays. Dans la mesure où ils apportent beaucoup à la dynamique européenne, ces projets méritent une attention particulière. Pour autant, cet attachement conjoint à la richesse de la relation franco-allemande n'a de force que s'il emmène avec lui, dans un élan universaliste et humaniste, toutes celles et ceux qui, à travers l'Europe, ont la volonté de rassembler au-delà des différences et des blessures infligées par l'histoire.
Le renforcement de la coopération culturelle entre la France et l'Allemagne constitue l'un des principaux piliers du traité d'Aix-la-Chapelle, dont la signature marque, pour les deux pays, la volonté d'inaugurer une nouvelle période d'intégration de leurs instituts culturels à l'étranger. Ainsi, quatre instituts culturels franco-allemands intégrés seront créés à Rio de Janeiro, Palerme, Erbil et Bichkek, tandis que dans les villes de Cordoba, d'Atlanta, de Glasgow et de Minsk, quatre instituts français et allemands seront colocalisés, suivant ainsi l'exemple de Ramallah, en Cisjordanie, où l'Institut français et l'Institut Goethe sont installés sous le même toit depuis 2000. Cette rencontre, d'abord opérée de manière spontanée, s'est transformée en une coopération étroite grâce à laquelle, à Ramallah, les deux instituts sont de plus en plus perçus comme un institut culturel européen commun. Cet exemple montre à quel point la coopération culturelle de nos deux pays constitue également un pilier important de la diplomatie de l'Union européenne. En renforçant la coopération entre les deux instituts, nous offrirons non seulement une représentation plus coordonnée de nos pays à l'étranger, mais nous donnerons également une voix plus forte à l'Europe tout entière.
Cet esprit d'échanges interculturels se vit et doit être encouragé le plus tôt possible. C'est pourquoi ma deuxième remarque sur la présente proposition de résolution concerne les projets d'échanges entre les jeunes Français et les jeunes Allemands. Les échanges entre les jeunes se trouvent au coeur de la sphère de coopération franco-allemande et représentent une expérience unique, d'où la nécessité d'élargir les programmes de mobilité pour les jeunes. L'OFAJ – Office franco-allemand pour la jeunesse – occupe une place primordiale en soutenant environ 8 000 échanges franco-allemands par an. L'objectif doit être de diversifier ces parcours, à travers une plus grande accessibilité aux échanges franco-allemands, non seulement pour les jeunes n'habitant pas en région transfrontalière mais aussi pour ceux vivant dans des quartiers défavorisés et en milieu rural. Pour développer la présence de l'OFAJ dans les écoles se situant sur ces territoires, il nous faut encourager de nouveaux partenariats entre lycées généraux et lycées professionnels, qui seront cruciaux pour sensibiliser plus de jeunes à la dynamique franco-allemande.
Là encore, et avec plus d'acuité depuis le Brexit et le frein que cela a constitué pour les échanges Erasmus, les liens étroits entre les jeunesses française et allemande me semblent avoir vocation à faire naître de nouveaux espaces de découverte européens, à nourrir un tissu d'expériences humaines nouvelles et formatrices. C'est bien à partir de ce duo enraciné dans notre histoire commune récente que peuvent se construire des stratégies pour combattre toutes les formes de xénophobie, de racisme, de désinformation et d'intolérance. La rencontre est toujours source de possible réconciliation ; dans un monde plus que jamais fracturé, nous avons le devoir de soutenir toutes les initiatives qui font de l'éducation le fil conducteur des politiques vers la jeunesse. De telles initiatives peuvent être complétées par un accroissement des cursus de coopération universitaire dans tous les domaines et des partenariats d'échanges entre apprentis et stagiaires franco-allemands. L'intégration du numérique dans ces échanges est fondamentale : elle a montré, dans cette période de crise sanitaire, ses nombreuses potentialités.
En tant que parlementaires, il est indispensable que nous étudiions de plus près la réalisation de l'objectif d'élargissement des programmes de mobilité. Cela implique de les rendre accessibles à un plus grand nombre de jeunes, quels que soient leurs origines, leur niveau scolaire ou universitaire ou encore les milieux professionnels auxquels ils appartiennent. A fortiori, il paraît important de développer ces programmes pour les milieux sportif et culturel. Ainsi, nous contribuerons à accroître la densité et la dynamique de la coopération franco-allemande et à la rendre plus diverse dans ses origines.
Le Parlement, qui se situe au coeur de nos sociétés démocratiques, doit encourager et accompagner ces projets concrets et travailler à des outils de concertation et d'échanges, en votant les moyens nécessaires au développement des initiatives. Le groupe Socialistes et apparentés soutiendra ce texte en souhaitant qu'il permette d'affiner encore davantage la méthode de travail et de contribuer ainsi à élargir la sphère de la coopération franco-allemande, qui reste un des moteurs essentiels du projet européen.