Intervention de Clément Beaune

Séance en hémicycle du mercredi 27 janvier 2021 à 15h00
Suivi des projets franco-allemands mis en place par le traité d'aix-la-chapelle — Discussion générale

Clément Beaune, secrétaire d'état chargé des affaires européennes :

Laissez-moi donner quelques exemples parmi d'autres de ces avancées, que je crois importantes. Demain aura lieu une réunion du Forum franco-allemand pour l'avenir, un lieu de réflexion qui a commencé des travaux importants, entre sociétés civiles, entre des organisations comme France stratégie et son homologue allemand, pour faire un certain nombre de propositions concrètes. Beaucoup d'élus y participent également.

Le sujet des frontières, qui vous occupe, selon des positions diverses sur ces bancs, a été au coeur, et c'est normal, des discussions et des projets concrets ayant suivi le traité d'Aix-la-Chapelle. Je n'énumérerai pas les instances pour le plaisir, mais le comité de coopération transfrontalière, auquel certains d'entre vous participent, a permis, au mois d'octobre dernier – j'ai eu l'occasion alors de le coprésider pour la première fois – d'éviter que ne soient imposés des contrôles spécifiques pour les travailleurs frontaliers. Les travaux de l'Assemblée parlementaire franco-allemande qui y ont fait écho ont permis d'éviter, malgré la situation sanitaire, de perturber la vie quotidienne de nos travailleurs frontaliers, et pas seulement avec l'Allemagne ; je rappelle que leur nombre total atteint 350 000 et que, quand ils se déplacent, ils ne voyagent pas, ils travaillent, pour l'essentiel, ou ils vont faire leurs courses, ils vivent, tout simplement. Ce comité de coopération transfrontalière a permis d'organiser la coopération et parfois la solidarité dans l'accueil de malades au plus fort de la crise sanitaire, ces derniers mois ? Je crois que ce n'est pas une réalisation mineure.

Il y a aussi toute une série de coopérations en matière d'infrastructures. Il s'agit pour l'instant, depuis deux ans, d'études supplémentaires conjointes avec l'Allemagne, par exemple sur le rétablissement de liaisons entre Colmar et Fribourg ou encore la liaison ferroviaire entre Strasbourg et la Rhénanie-Palatinat. Cela prendra du temps, il ne s'agit pas d'un coup de baguette magique dans nos relations concrètes, comme nous le disions hier, mais ce sont des projets qui avancent et ont déjà avancé ces derniers mois.

Le champ des projets de coopération culturelle et éducative était également au coeur de l'esprit du traité de l'Élysée. Ces projets non plus ne sont en rien anecdotiques ou secondaires, et les avancées en la matière sont aussi importantes.

Nous avons, je l'ai dit à l'instant, renforcé les moyens, y compris financiers, de l'OFAJ : même pendant la crise sanitaire, il a réussi à organiser des mobilités, de façon numérique, malheureusement, mais nous avons maintenu ce lien humain et culturel entre la France et l'Allemagne malgré la crise sanitaire.

Nous l'avons même renforcé avec la mise en place – c'était une demande de plusieurs parlementaires au moment du traité d'Aix-la-Chapelle – d'un fonds citoyen commun, une sorte d'OFAJ de soutien aux associations, qui a d'ores et déjà sélectionné et financé, monsieur Hetzel, plus de 100 projets. Cette année, 200 projets supplémentaires seront soutenus. Nous pourrons vous en rendre compte ici.

Autre exemple dans le champ culturel et éducatif, nous renforçons les instituts culturels franco-allemands à l'étranger : un institut supplémentaire ouvrira cette année à Palerme et nous travaillons sur d'autres projets, notamment en Amérique du Sud.

Je veux citer un autre projet qui me tient particulièrement à coeur et sur lequel, je le reconnais, nous n'avons pas encore assez avancé : faisons-le donc ensemble ! Il s'agit, dans le prolongement d'Arte – dont nous avons célébré les 30 ans à la fin de l'année 2020 et qui constitue une autre réalisation exceptionnelle, unique au monde – , de renforcer la plateforme de contenus numériques des chaînes de télévision publiques française et allemande, disponibles en allemand et en français, mais aussi traduits en différentes langues. Cela me donne l'occasion de répondre à votre question sur le multilinguisme, monsieur Naegelen : le traité d'Aix-la-Chapelle est aussi le cadre dans lequel nous allons renforcer l'accès aux langues.

Je pourrais mentionner plusieurs des projets que nous avons lancés concomitamment au plan de relance européen préparé par la France et l'Allemagne l'été dernier, dans la continuité des stipulations du traité d'Aix-la-Chapelle, mais je me bornerai à rappeler le plan franco-allemand en matière de recherche sur l'hydrogène.

Parmi les différents points qui ont été abordés, notamment par M. Naegelen, je veux par ailleurs revenir sur la culture et l'éducation et rappeler que Jean-Michel Blanquer a annoncé en début de semaine, après un échange avec Armin Laschet, plénipotentiaire allemand chargé des relations éducatives avec la France, qu'un deuxième lycée franco-allemand serait ouvert dans les prochains mois à Strasbourg – il ne s'agissait pas d'un projet prévu dans le cadre du traité d'Aix-la-Chapelle, mais, vous le voyez, nous allons encore plus loin ! L'ouverture de ce lycée témoigne du lien qui existe entre nos deux pays.

Rappelons en outre, s'il en était besoin, que c'est notre gouvernement, avec le soutien de cette majorité, qui a rétabli les classes bilangues, lesquelles favorisent notamment l'apprentissage de l'allemand. Depuis la rentrée scolaire 2017, le nombre d'élèves qui apprennent cette langue augmente de nouveau à chaque rentrée. Il s'agit d'un point important, qui s'inscrit dans l'esprit du traité d'Aix-la-Chapelle.

Monsieur le président Mélenchon, vous avez formulé différentes observations qui ne sont pas directement liées à ce traité, mais qui ont trait à la coopération franco-allemande que nous devons défendre. Je ne crois pas, personnellement, à la rhétorique « l'Allemagne paiera » : nous l'avons collectivement payée assez cher pour savoir qu'elle ne mène nulle part, sauf à l'affaiblissement et à la destruction de notre pays. Les difficultés que vous soulevez doivent évidemment être prises en compte. Toutefois, plutôt que d'adopter avec notre voisin allemand, notre premier partenaire européen, une attitude de rejet ou de détestation, mieux vaut tenter de surmonter les blocages.

Prenons l'exemple, important, que vous avez soulevé : celui de la défense – j'aurais tout aussi bien pu choisir celui du spatial. À l'été 2017, lors du premier sommet franco-allemand qui a lancé les travaux sur le traité d'Aix-la-Chapelle, le Président de la République a décidé de lancer des projets de coopération industrielle entre la France et l'Allemagne. On ne peut pas reprocher à l'Allemagne de ne pas s'engager suffisamment en matière de politique extérieure et de ne pas assumer suffisamment de responsabilités au niveau international, notamment au Mali et au Sahel, et ne pas tenter, même si la tâche est difficile, de rapprocher nos industries de défense et de favoriser nos coopérations industrielles dans ce domaine.

Je note d'ailleurs une contradiction entre votre position et celle de M. Lecoq.

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