Intervention de Anne-Laure Blin

Séance en hémicycle du jeudi 28 janvier 2021 à 9h00
Accessibilité des magasins de la grande distribution aux personnes en situation de handicap — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnne-Laure Blin :

Nous examinons ce matin une proposition de loi de notre collègue Nadia Essayan relative à l'accès des personnes en situation de handicap aux ensembles commerciaux. Votre texte ouvre la concertation entre les acteurs économiques, les associations qui représentent les personnes en situation de handicap et, naturellement, le ministre chargé des personnes handicapées et, très certainement, le ministre de l'économie. Comme je l'ai dit en commission, votre intention est louable, madame la rapporteure, et mérite d'être saluée.

Vous avez compris qu'il était nécessaire d'élargir la concertation et l'objet même de ce texte, afin qu'il ne concerne pas qu'une seule catégorie de handicap en France. Le débat en commission a également abouti à ce que l'heure silencieuse s'applique à l'ensemble des problématiques susceptibles de toucher les personnes en situation de handicap. Par ailleurs, le texte ne prévoit plus une obligation pour les partenaires privés, mais plutôt une concertation, ce qui constituait un véritable enjeu.

En ce qu'elle permettait une première sensibilisation à la cause autistique, votre initiative ne pouvait qu'être saluée par les différentes associations. Cependant, les retours que nous en avons eus ont fait apparaître que les accompagnants et les familles de personnes atteintes d'un TSA estimaient que la mesure proposée risquait de trouver ses limites dans la difficulté qu'ils rencontreraient pour l'intégrer à l'organisation de leur vie familiale.

À titre personnel, je considère, comme vous, qu'il faut engager une large réflexion, au-delà de la loi de 2005, sur la question de l'accès des personnes handicapées à tous les espaces publics. Si vivre avec un handicap a longtemps signifié vivre isolé, aujourd'hui la société porte sur les personnes handicapées un nouveau regard, bien moins discriminant. Surtout, les personnes handicapées arrivent désormais à faire entendre leur voix.

Cependant, comme en témoignent de nombreuses associations, la cause du handicap n'est toujours pas considérée comme elle le devrait, puisqu'on constate que persiste un problème d'accessibilité des espaces publics. Le handicap est un enjeu de société que nous, législateurs, devons encore mieux prendre en considération : il est primordial, dans une république qui revendique à la fois l'égalité et la fraternité, que les personnes atteintes d'un handicap puissent être accueillies partout au même titre que les personnes qui n'en présentent aucun. Or, nombreuses sont les associations qui continuent de nous faire part de leur mécontentement face au manque de considération persistant à l'égard des personnes atteintes d'un handicap, particulièrement flagrant en ce qui concerne les difficultés de déplacement auxquelles celles-ci sont confrontées.

C'est bien là que je veux en venir : même s'il y a eu un progrès dans la prise de conscience du fait qu'il est plus juste d'accueillir tout le monde, toutes les conditions ne sont pas toujours réunies pour permettre que les personnes atteintes d'un handicap puissent vivre et se déplacer dans des conditions confortables. Il n'y a pas de handicap pire qu'un autre, et c'est bien en cela que l'élargissement de votre proposition constitue une avancée.

Depuis la loi de 2005, les politiques en faveur de l'intégration des personnes en situation de handicap se sont multipliées, mais les objectifs fixés ne sont pas encore tous atteints. Si 700 000 Français sont touchés par l'autisme, 12 millions de nos compatriotes sont en situation de handicap, ce qui représente une personne sur six, et 67 % d'entre elles se plaignent d'un manque d'accessibilité.

Il convenait d'engager une réflexion sur les centres commerciaux, comme nous le faisons une nouvelle fois aujourd'hui, car il est indispensable que chacun puisse effectuer en toute sérénité ses achats de première nécessité. Cependant, au-delà de la question des achats, de nombreux points restent à régler pour que les personnes atteintes d'un handicap puissent se déplacer dans l'espace public : je pense aux escaliers, aux rampes, aux trottoirs trop hauts, aux portes trop étroites, ou encore aux rues parsemées d'obstacles.

Nombreux sont encore les sujets d'évolution à prévoir, mais si demain les personnes porteuses d'un handicap peuvent effectuer sereinement leurs achats alimentaires, ce sera déjà une première victoire. C'est pourquoi le groupe Les Républicains salue votre initiative et soutiendra votre texte allant dans le sens de ce que la majorité de 2005 avait voté, consistant à évoluer vers une société toujours plus inclusive et solidaire.

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