En raison du réchauffement climatique, les inondations, les mouvements de terrain ou d'érosion du littoral sont de plus en plus fréquents et affectent désormais l'ensemble du territoire national. Dans ma région des Hauts-de-France, les phénomènes de sécheresse, combinés à des pluies répétées de plus en plus intenses, comme cela était encore le cas cette nuit dans le Pas-de-Calais, provoquent à l'intérieur des habitations des fissures telles que le risque d'effondrement des maisons devient alarmant.
Dans les Hauts-de-France, trois associations regroupent désormais plus de 1 500 victimes. Cela concerne beaucoup d'autres régions, puisque l'on estime que 70 % de l'Hexagone est touché.
Ces déboires sont également dus à un ancien modèle de bâti et, peut-être, imputables à l'homme. Il faut dès lors que nous osions nous interroger sur notre responsabilité collective d'élus. Pendant plusieurs décennies, bien des constructions ont été réalisées à bas coût. Il en a résulté un parc de logements individuels particulièrement fragile. Heureusement, la loi ELAN prévoit désormais des mesures plus contraignantes pour les constructions à venir, en particulier une étude des sols. Néanmoins, il nous appartient de régler les problèmes sur les bâtiments anciens, dont l'ampleur a été sous-estimée par nos prédécesseurs.
Nos concitoyens se retrouvent confrontés à des difficultés climatiques à répétition. Certains voient leur maison, fruit du travail de toute une vie, disparaître sous leurs yeux, comme dans la vallée de la Vésubie. La maison peut aussi devenir inhabitable ou, dans le meilleur des cas, être gravement endommagée.
En cas de phénomène de sécheresse-réhydratation, malheureusement, les demandes de reconnaissance d'état de catastrophe naturelle déposées par les communes sinistrées sont souvent rejetées par les préfectures, sans que cette décision soit motivée. L'année dernière, j'ai alerté le Gouvernement sur le rejet de quatre-vingts dossiers qui concernaient en tout et pour tout deux communes de mon territoire, Lestrem et Mont-Bernanchon. Or, sans arrêté d'état de catastrophe naturelle, nos habitants sinistrés ne peuvent recevoir aucune indemnisation. De nombreux citoyens sinistrés se retrouvent ainsi dans une situation de désarroi le plus total et sont complètement livrés à eux-mêmes, même si un actif réseau d'associations de défense s'est constitué, par la force des choses.
Le constat est donc clair : il est urgent de revoir notre réglementation en matière de reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle, à savoir le régime CATNAT, qui n'est plus adapté aux réalités climatiques et dont le manque de visibilité suscite l'incompréhension et la colère compréhensible de nos concitoyens. Tel est l'objectif que notre collègue Stéphane Baudu a assigné à la proposition de loi dont nous discutons cet après-midi : renforcer la transparence des procédures d'une part, faciliter les démarches de reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle et les démarches d'indemnisation d'autre part.
Pour y parvenir, cette proposition de loi vise tout d'abord à doter d'une base légale la commission interministérielle de reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle. Étant donné l'importance de son rôle dans le dispositif CATNAT, elle ne pouvait poursuivre ses activités sans cadre législatif clair.
Afin de donner plus de visibilité aux classifications retenues, nous avons souhaité en outre créer une commission nationale consultative des catastrophes naturelles, chargée de rendre un avis sur la pertinence des critères utilisés pour la reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle. Celle-ci devra travailler en toute indépendance.
Ensuite, les élus locaux étant les premiers concernés par les conséquences de ces aléas climatiques, il nous a semblé pertinent de proposer la désignation d'un délégué à la reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle, qui sera leur référent et interlocuteur unique. Son rôle sera de conseiller et d'informer, d'accompagner et de coordonner les actions locales.
Enfin, afin d'adapter le régime CATNAT à des situations où le dommage n'apparaît que longtemps après l'événement qui en est la cause – tel est notamment le cas lors des phénomènes de sécheresse-réhydratation – , la proposition de loi tend à allonger certains délais dans les procédures déclaratives.
Le groupe du Mouvement démocrate (MoDem) et démocrates apparentés partage avec le rapporteur la volonté de mieux protéger les citoyens et l'espoir que l'adoption de ces dispositions évitera à l'avenir l'apparition de contentieux, source d'instabilité juridique et de rallongement des procédures. Ces recours, de plus en plus nombreux, sont en effet souvent issus de soupçons d'opacité et de partialité qui pèsent sur le fonctionnement actuel du régime CATNAT.
J'estime que la rédaction sur laquelle nous nous sommes accordés en commission atteint tout à fait l'objectif fixé. Je tiens d'ailleurs à saluer ici l'ensemble des représentants des groupes politiques présents lors de l'examen en commission, avec lesquels nous avons pu construire un texte d'équilibre et de consensus, qui répond à des préoccupations territoriales fortes, auxquelles les élus locaux sont confrontés au quotidien.
Nous sommes tous ici sensibles à la détresse des sinistrés. Mon groupe souhaite y répondre grâce à cette proposition de loi, afin que nos concitoyens, qui ont parfois tout perdu, soient mieux accompagnés dans leurs formalités et puissent être rapidement indemnisés. Ma région, les Hauts-de-France, étant particulièrement touchée par les phénomènes en question, je remercie le rapporteur de m'avoir associée à sa démarche. Je me réjouis que cette proposition de loi, issue de nombreuses concertations, ait été adoptée à une large majorité en commission, et espère que la discussion sera tout aussi constructive en séance publique.
Ce texte est le fruit d'un vaste travail, engagé au Sénat avec la mission d'information sur la gestion des risques climatiques et l'évolution de nos régimes d'indemnisation, menée par notre collègue sénatrice Nicole Bonnefoy, et nourri par le groupe de travail informel conduit par notre collègue Vincent Ledoux sur la question de la sécheresse-réhydratation des sols, ou encore par l'inspection générale des finances, qui s'est penchée sur la gestion des dommages causés sur le bâti existant par le retrait-gonflement des argiles. À la suite des nombreuses auditions que le rapporteur et moi-même avons conduites, nous avons tenté d'élaborer un texte relatif à l'ensemble des catastrophes naturelles. Les assureurs étaient eux aussi demandeurs d'un tel texte, en raison de l'augmentation constante du nombre de contentieux.
Trois dispositions importantes demeurent en suspens et devront faire l'objet d'un débat approfondi en séance publique.
Pour commencer, un encadrement plus strict des délais d'indemnisation est indispensable. De nombreux sinistrés reçoivent très tardivement l'indemnisation à laquelle ils ont droit. Nous en avons discuté en commission, notamment avec nos collègues du groupe Les Républicains ; nous sommes parfaitement d'accord sur le fait qu'il est indispensable d'accélérer la prise en charge des préjudices subis par les assurés et de prévoir, en cas de manquement, des sanctions pour les assureurs. Le rapporteur nous proposera tout à l'heure une rédaction en ce sens.
Il convient ensuite de plafonner les franchises payées par les assurés, dans un souci d'équité et de justice envers tous les assurés.
Enfin, les indemnisations dues à l'assuré au titre des phénomènes de sécheresse-réhydratation des sols devront couvrir les travaux permettant de mettre fin aux désordres existants.
Avec ces nouvelles dispositions, la proposition de loi trouvera un juste équilibre entre un accompagnement plus adéquat des sinistrés et le respect de l'équilibre économique des contrats d'assurance.
Pour terminer, j'évoquerai l'article 7, qui prévoit la remise d'un rapport sur de possibles adaptations des dispositifs de prévention et d'indemnisation aux particularités des risques liés à la sécheresse-réhydratation des sols. Cet article me tient particulièrement à coeur, car notre action doit toujours commencer par la définition de mesures préventives. Le groupe auquel j'appartiens attache beaucoup d'importance à la prévention : elle nous permet d'anticiper les dommages et d'éviter de nombreux incidents. Face au réchauffement climatique, nous sommes obligés de nous adapter constamment à l'évolution des aléas climatiques et, partant, de renforcer le lien entre politique de prévention et politique d'indemnisation. La proposition de loi prend en considération cette préoccupation.
Pour l'ensemble de ces raisons, le groupe Mouvement démocrate (MoDem) et démocrates apparentés votera, avec enthousiasme, la présente proposition de loi visant à réformer le régime d'indemnisation des catastrophes naturelles.