Intervention de Gérard Collomb

Réunion du mardi 17 octobre 2017 à 16h30
Commission des affaires étrangères

Gérard Collomb, ministre d'État, ministre de l'intérieur :

Monsieur Girardin, fermer une université parce qu'une cinquantaine de migrants s'y sont installés me semble disproportionné. Moi qui ai été maire d'une grande ville avant d'être ministre de l'intérieur, je peux vous dire que j'aurais procédé autrement. J'échangerai avec la ministre de l'enseignement supérieur sur ce dossier.

Monsieur Quentin, nous avons effectivement établi une grande coopération entre la gendarmerie et la garde civile espagnole pour mettre en place des formations communes. C'est toujours mieux lorsque les gens se connaissent, peuvent s'appeler et travailler en confiance. Je peux vous révéler aujourd'hui qu'après l'attentat de Barcelone, nous avons déployé immédiatement 3 000 gendarmes le long des Pyrénées pour surveiller les frontières.

Bien évidemment, les problèmes africains se résoudront en Afrique. L'Union européenne et la France peuvent apporter leur soutien en matière de développement économique. J'ai évoqué les relations bilatérales que nous pouvons entretenir avec certains pays. Nous essayons de soutenir à la fois les projets d'autolimitation de l'immigration et de développement. S'agissant plus précisément de l'éducation, il faut prendre en compte les facteurs culturels qui ne se régleront pas immédiatement. Vous avez fait allusion au Niger, malgré l'augmentation de sa population, ce pays n'envoie pas ses migrants vers l'Europe. Nous travaillons au contraire avec lui pour essayer d'enrayer le vaste mouvement de migration africaine. En fait, tout dépend souvent de la qualité des gouvernants. En la matière, le Niger a un gouvernement démocratique avec lequel on peut travailler de manière assez partenariale sans difficulté.

Monsieur Fuchs, lorsque le Président de la République parle du renforcement de la politique européenne des frontières, il s'agit de développer Frontex dans le temps. J'ai parlé tout à l'heure d'une réserve opérationnelle de 1 500 personnes : ce n'est évidemment pas suffisant pour assurer la protection des frontières de l'Union européenne. Il faut donc développer l'Agence.

Sur la prise de Raqqa, je ne sais pas combien il reste de Français. En tout cas, les « returnees » sont immédiatement judiciarisés et la plupart du temps incarcérés. C'est ainsi que nous avons procédé avec les 272 qui sont revenus jusqu'à présent. Mais cela pose des problèmes pour l'avenir. Comment les réinsérer dans la société ? À cela s'ajoute la question du renseignement pénitentiaire que l'on ne traitait pas il y a encore trois ou quatre ans. Nous avons également pris en charge cinquante-huit mineurs, qui bénéficient de mesures d'assistance éducative. Le ministère de l'intérieur travaille très étroitement avec le ministère de la justice sur le devenir de ces mineurs qui ont très souvent moins de quatorze ans, voire moins de douze ans.

Monsieur Habib, il y a actuellement vingt-trois centres de rétention en métropole et quatre en outre-mer, soit vingt-sept au total. D'ici à la fin de l'année, 200 places de rétention supplémentaires seront ouvertes. En fait, il convient surtout de renforcer les effectifs de la police aux frontières (PAF) car nous sommes, si je puis dire, au four et au moulin, c'est-à-dire qu'il nous faut à la fois surveiller nos frontières extérieures, nos aéroports et emmener les gens dans les centres de rétention. Si nous augmentons les effectifs, une part d'entre eux sera affectée à la PAF pour lui permettre de remplir ses missions.

Vous m'interrogez également sur la Turquie et plus généralement sur les problèmes internationaux. Il faut essayer de désamorcer les conflits, de manière que les choses n'empirent pas encore. Si, par exemple, éclatait un nouvel affrontement entre tel et tel pays du Moyen-Orient, nous en subirions forcément les conséquences. Le Président de la République essaie précisément d'agir là où les tensions montent, pour éviter que nous soyons confrontés à de nouveaux problèmes dans le futur.

Ce que vous dites sur le bitcoin est assez juste. À l'origine, cette monnaie se voulait très écolo et très pacifique. Mais comme elle est relativement anonyme, elle peut conduire demain à des usages qui n'avaient pas totalement été prévus par ses initiateurs. Comme quoi une bonne idée a toujours des aspects pervers. Il faudra donc être vigilant.

Monsieur Kokouendo, sans vous révéler le détail de ce qui s'est dit lors du G6, je peux vous indiquer que de nouvelles routes étaient en train de s'ouvrir et que le Maroc, comme pays de passage et de destination, en était particulièrement victime. Il commence donc à avoir un certain nombre de problèmes d'autant que cela constitue une entrave à son propre développement. Dès lors que la Lybie est une route moins favorable, les trafics s'intensifient au Maroc : des gens tentent de traverser le détroit de Gibraltar, y compris à jet ski. Dès que l'on ferme une route, d'autres s'ouvrent. Nous essayons à chaque fois d'apporter la bonne réponse.

Monsieur David, vous avez raison ces familles monoparentales posent un vrai problème. Nous pensons à elles lorsque nous prenons des mesures en faveur des familles monoparentales. Si nous voulons éviter les problèmes, il faut refaire de la mixité dans nos villes et nos quartiers. Voir des quartiers se paupériser, se ghettoïser n'est pas bon pour l'ensemble de la société, car on commence par vivre côte à côte et on finit face à face. C'est cela qu'il convient d'empêcher.

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