Intervention de Christophe Euzet

Séance en hémicycle du lundi 1er février 2021 à 16h00
Respect des principes de la république — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Euzet :

Il y a des jours où nous serions enclins, en raison de sa verve et de sa force de persuasion, à suivre la logique du président Mélenchon. Mais il y a des jours, comme celui-ci, où ce n'est pas le cas.

Certes, nous pouvons discuter, douter, débattre des conditions dans lesquelles un délégataire de service public doit souscrire aux principes de neutralité et de laïcité dans l'exécution de sa mission ; nous pouvons discuter également des modalités selon lesquelles s'appliquera le délit de séparatisme prévu par le dispositif auquel nous réfléchissons. De la même façon, il nous faudra déterminer les conditions dans lesquelles les associations qui bénéficient d'un financement public devront signer un contrat d'engagement républicain, dont les modalités seront précisées. Nous pouvons discuter encore de la lutte contre la haine sur internet ou de la façon dont les associations de type cultuel seront mieux contrôlées, soumises à un droit contraignant, à travers un dispositif qu'il nous faut construire, tous ensemble.

Mais il y a des choses sur lesquelles on ne peut pas discuter. Le groupe Agir ensemble considère que ce projet de loi vient couronner, cloisonner, poser un énième pilier à la politique menée depuis le début de la législature et qui trouve une logique d'ensemble.

Par ailleurs, ce sont les Français qui ont demandé et appelé ces mesures de leurs voeux ! Ils l'ont fait en choisissant le programme présidentiel, ils le font encore au cours des discussions de chaumière auxquelles nous assistons, monsieur le président Mélenchon, dans nos circonscriptions respectives. Ils nous tiendraient responsables, historiquement, de ne pas tenir compte des erreurs du passé.

Enfin, l'autre raison qui explique que ce texte mérite un examen particulier, c'est qu'il touche sa cible, tout simplement. Nous devons faire face à des comportements de plus en plus difficiles à évaluer, à jauger au regard de l'histoire ; une part de la société est sur le point de se détacher. Le projet de loi, sans sacrifier à la généralité et à l'absolutisme, essaie de pointer du doigt plusieurs pratiques pour les marginaliser.

Pour faire avancer nos positions, notre devoir de responsables politiques à l'égard du peuple qui nous a fait l'honneur de nous élire est d'examiner dans le détail les propositions qui nous sont formulées pour essayer de les améliorer.

Je citerai, pour terminer, un auteur qui vous est familier, j'imagine, monsieur Mélenchon : Jürgen Habermas disait que la trace continue de l'humanité, c'est de ne jamais tenir compte des erreurs qu'elle a commises par le passé. Précisément, le texte que nous examinons aujourd'hui devrait nous permettre d'éviter des erreurs commises par le passé, des drames que nous n'avons pas su éviter, à force de ne pas vouloir les regarder.

C'est pourquoi notre groupe, très favorable à la discussion de ce texte, s'opposera à la motion de rejet préalable.

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