Que dire de la crise sanitaire ? Comment les habitants peuvent-ils comprendre la République et sa promesse d'égalité lorsqu'ils découvrent que leur mortalité a augmenté plus fortement que dans tout autre département, et qu'ils comptent cependant trois fois moins de lits de réanimation par tête ? Ayons le courage de le reconnaître : il existe un séparatisme des conditions, une ségrégation sociale et territoriale, lorsque certains quartiers ont tout et d'autres rien. En 1999, Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l'intérieur, nous alertait sur la dégradation de la mixité sociale en Île-de-France. Vingt-deux ans plus tard, tout indique que la situation a largement empiré : c'est désormais un véritable apartheid social qui fragilise notre pacte républicain et voit prospérer les promoteurs du séparatisme. Nous ne les combattrons pas efficacement tant que nous n'aurons pas résolu cette question. C'est elle que votre texte aurait dû traiter si vous aviez réellement voulu conforter les principes d'une République laïque et sociale.
En ce début d'examen de ce projet de loi, il nous importait d'en souligner le caractère déséquilibré, qui répond bien peu aux espoirs suscités par le discours du Président de la République aux Mureaux.