Au centre pénitentiaire des Baumettes, où je me suis rendue, la situation est particulière puisqu'un couloir relie, au sein du même établissement, le XIXe au XXIe siècle : un bâtiment historique et un bâtiment flambant neuf, inauguré en mai dernier. Dans le bâtiment ancien, comme vous le savez, les conditions de détention sont difficiles pour les détenus comme pour le personnel de l'administration pénitentiaire. Quant au nouveau bâtiment, il est encore en période de rodage, et l'on s'efforce de remédier aux petits problèmes qui subsistent. Ainsi, quand j'étais sur place, il n'y avait pas d'eau chaude, ce qui n'est pas anodin au mois de novembre…
Je tiens en premier lieu à appeler l'attention sur l'accès des détenus aux soins. Je me suis entretenue avec un médecin et avec le personnel de l'administration pénitentiaire à ce sujet. Il existe bien, dans le nouveau bâtiment, un service médical mais il m'a été dit que, cet été, le taux de réponse aux convocations du médecin a été de 30 % seulement. La proportion est passée à 50 % après que l'administration pénitentiaire a pris ce problème en charge et un contrôle est en cours pour déterminer si le blocage est dû à ce que les détenus ne veulent pas se rendre à la consultation ou s'il y a un problème dans la communication. L'enjeu est déterminant : le soir même de ma visite, une jeune femme s'est suicidée dans cette prison. Je sais qu'un suivi médical est progressivement mis en place, mais le suivi des troubles psychiatriques dans les centres pénitentiaires est impératif à tous égards : pour la sécurité du personnel et des autres détenus et aussi pour la sécurité personnelle des détenus souffrant de ces pathologies. Selon vous, madame, la prise en charge actuelle est-elle satisfaisante, eu égard à l'obligation de soins des détenus ? Je n'ai pas eu de réponse à cette question cruciale, et je pense que le problème ne se pose pas seulement aux Baumettes.
D'autre part, ayant déjà eu l'occasion, dans ma vie professionnelle antérieure, de me rendre aux Baumettes, je puis confirmer que, comme vous l'avez indiqué, le volet « réinsertion » du passage en prison, indispensable tant pour que le détenu parvienne à reprendre sa place dans la société que pour lutter contre la récidive, est compromis. De nombreux détenus, parce qu'ils n'ont rien à faire, vivent dans un état d'inertie et d'attente permanent qui les déresponsabilise. Cela tient à ce qu'il est très difficile pour l'administration pénitentiaire de leur proposer du travail, les entreprises donneuses d'ordres étant en nombre extrêmement réduit. Il faut aussi s'interroger sur l'offre de formation et l'accès à l'éducation et à la culture. Pour ne donner qu'un exemple, l'offre de la bibliothèque que j'ai visitée n'est pas satisfaisante. Or, l'accès à la culture, à l'éducation et à la formation est capital pour la réinsertion des anciens détenus. Quel est votre sentiment à ce sujet ?