… et son intrusion jusque dans nos vies privées. Ce sont nos enfants qui, lors des confinements, ne peuvent plus voir leurs grands-parents. Jamais cela ne s'est vu dans notre histoire – je dirais même que jamais cela ne s'est vu dans l'histoire de l'humanité – , que l'on coupe ainsi les liens familiaux. Peut-être était-ce nécessaire, mais ce qui me stupéfie, c'est que cette rupture presque anthropologique se fasse sans le moindre débat, sans le moindre vote, juste parce qu'un soir, le président, je le cite, « assume ». Que l'on prenne l'avancement du couvre-feu à dix-huit heures. Le Gouvernement baptise cela du nom de « mesure complémentaire » – joli euphémisme. Comme si c'était anodin ! J'ai vérifié : jamais, dans son histoire, la France n'avait connu de couvre-feu à dix-huit heures. Durant l'Occupation, c'était vingt heures. Idem durant la guerre d'Algérie : vingt heures. Pendant les révoltes de 2005 : vingt-deux heures. Jamais, donc, la France n'a connu de couvre-feu aussi tôt. Et pourtant, comment fut-il décrété ? Sans même une discussion à l'Assemblée.
Il en va de même pour tous les champs de la société. À la mi-décembre, c'était presque acté : les lieux de culture – cinémas, théâtres, musées – allaient rouvrir. Tenez-vous prêts, leur confiait-on en off au ministère. Quarante-huit heures plus tard, patatras, le Président tranchait : vous restez fermés. Mon fils ne fait plus de handball depuis un an ; je reçois des courriels de personnes qui ont arrêté le sport, qui souffrent à nouveau d'obésité, qui se sont mises aux antidépresseurs. Où cet état de santé mentale et physique est-il discuté ? Nulle part. Notre collègue de droite Émilie Bonnivard en témoignait pour les stations de ski : jamais leur ouverture, ni leur fermeture, ne furent débattues ici.