Après l'échec de la commission mixte paritaire qui s'est tenue jeudi dernier, nous voici donc une nouvelle fois réunis pour discuter de la prorogation du régime d'état d'urgence et de l'état d'urgence lui-même.
Il me semble important de revenir un instant sur les raisons de l'échec de cette commission mixte paritaire et sur l'accord que nous n'avons pas su trouver avec nos collègues sénateurs. Cet accord paraissait pourtant très proche – le constat sur la situation était partagé, et des propositions avaient été faites de part et d'autre – , notamment grâce au travail et à l'engagement de la présidente de la commission des lois et de notre rapporteur que je tiens à saluer ici. On ne peut donc que regretter cet échec, mais nous devons tous en tirer les enseignements.
Les enseignements positifs tout d'abord. Lors de cette CMP, nous avons constaté qu'avec nos collègues du Sénat nous partagions un même constat sur la réalité de la crise sanitaire, sur les incertitudes qui lui sont liées, et sur la nécessité de maintenir le régime de l'état d'urgence sanitaire, qui offre au Gouvernement la possibilité d'agir dans un cadre juridique clair pour protéger la vie de nos concitoyens et pour permettre à nos personnels soignants d'exercer leur mission et à nos hôpitaux de tenir.
Nous avons convenu qu'il fallait proroger l'état d'urgence et nous étions sur le point de nous mettre d'accord sur une date de fin, à la mi-mai.
Nous sommes aussi convenus de la nécessité de renforcer le rôle du Parlement. Nous avons notamment entériné le maintien de la suppression de l'article 3 et celui de la suppression d'un régime transitoire après le 1er juin 2021. Cette décision implique que le Gouvernement sera appelé à se présenter à nouveau devant le Parlement à la fin du printemps si la crise sanitaire nécessite alors de proroger à nouveau l'état d'urgence ou d'instaurer un régime transitoire. Nous avons donc trouvé des points d'accord, mais nous avons échoué sur un point, important bien entendu, celui du confinement et du contrôle de son application ; nous le regrettons.
La majorité du Sénat tenait absolument à ce que le confinement soit déclenché par une loi. Nous avions, de notre côté, réussi à obtenir un engagement de la part du Gouvernement : organiser un débat suivi d'un vote dans le cadre de l'article 50-1 de la Constitution, dès lors que le confinement dépasserait une durée de six semaines. Si cette proposition a reçu un accueil favorable de la part de différents groupes de l'Assemblée et du Sénat, la majorité de la Haute Chambre n'a pas pu y donner suite ; nous ne souhaitions pas aller dans le sens qu'elle proposait. Cet engagement a donc entraîné l'échec de la CMP, hélas ! Eu égard à la crise sanitaire, à son imprévisibilité, à la complexité des décisions qu'elle amène à prendre au vu de la situation sanitaire, mais aussi sociale et économique, la proposition des sénateurs nous apparaissait comme contre-productive et, qui plus est, de nature à alourdir tout le processus de décision en créant une crispation supplémentaire autour de la question du confinement.
Les décisions prises par le Président de la République et le Premier ministre en fin de semaine dernière – décisions difficiles et courageuses, que nous saluons – confortent la position que nous avons défendue jeudi dernier lors de la rencontre avec les sénateurs ; nous voulons définir clairement un cadre juridique respectueux des institutions et de la Constitution, qui permette au Gouvernement d'agir de manière efficace et proportionnée dans cette crise sanitaire sans précédent, et de s'adapter en continu.
Aussi, dans le débat qui va avoir lieu cet après-midi et qui fait suite aux travaux d'hier en commission des lois, nous confirmerons le rétablissement de la rédaction des articles du projet de loi tels que nous les avions adoptés en première lecture. Le régime de l'état d'urgence courra jusqu'au 31 décembre 2021 ; les systèmes d'information prendront fin à la même date. L'état d'urgence, quant à lui, sera prorogé jusqu'au 1er juin 2021.
Cet état d'exception est une épreuve qui, nous le savons, demande des efforts importants à nos concitoyennes et concitoyens, qui perturbe le quotidien et qui interroge l'avenir. Mais eu égard à la crise sanitaire et à ses incertitudes, notamment concernant la virulence des variants du virus, il nous est nécessaire de prolonger ce dispositif. J'espère que nos travaux seront sereins, à l'image de ceux de la CMP de jeudi dernier et de la commission des lois d'hier. Bien entendu, les députés de La République en marche prendront leurs responsabilités et voteront en faveur du projet de loi.